G20 : les divergences persistent

Par Eric Albert, à Londres  |   |  520  mots
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy insistent : ils veulent des avancées concrètes sur la réglementation financière. Les divergences de vue demeurent avec les Etats-Unis. La question des paradis fiscaux est également loin d'être tranchée. Des violences se sont produites ce mercredi dans le cadre de manifestations contre ce sommet du G20 de Londres.

La journée de mercredi aura été un tour de chauffe avant le G20, chacun réitérant ses positions avant le sommet de jeudi. Symboliquement cependant, les divisions étaient claires. D'un côté, Barack Obama et Gordon Brown ont tenu une conférence de presse à Downing Street, tandis que de l'autre, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel tenaient la leur de l'autre côté de Londres : monde anglo-saxon contre Europe continentale... Cela a donné lieu à d'inévitables passes d'armes verbales.
 

« Le compte n'y est pas encore », estime Nicolas Sarkozy, menaçant de claquer la porte du sommet. Réponse de Gordon Brown, le premier ministre britannique. « Je suis confiant que Nicolas Sarkozy sera là non seulement pour l'entrée du dîner (à Downing Street mercredi soir, Ndlr), mais aussi pour le reste du dîner. » Une façon de dire que la menace du président français n'est pas jugée très sérieuse.
 

Les leaders du G20 n'ont pas non plus pu cacher leurs désaccords sur un possible plan de relance. Les Etats-Unis, mais aussi les pays asiatiques, insistent pour qu'un effort supplémentaire soit fait, tandis que l'Europe, France et Allemagne en tête, refusent. « Les Etats-Unis n'ont pas l'intention d'agir seuls », prévient Barack Obama, même s'il ajoute immédiatement que « ce n'est pas le cas ». De son côté, Angela Merkel confirme qu'elle ne veut pas ajouter le moindre centime pour l'instant : « nous avons déjà réalisé une énorme contribution».

Mais il est à parier que les discussions mercredi contourneront le problème de la même manière qu'au G20 des ministres de finances il y a deux semaines, se mettant d'accord pour laisser les plans de relance agir avant d'évaluer leur efficacité, et d'éventuellement envisager de nouveaux stimuli dans un second temps.
 

Les vraies discussions sont ailleurs, et elles concernent essentiellement la régulation. L'une des questions clés sera la fameuse liste noire sur les paradis fiscaux, que la Chine préférerait ne pas voir publiée. Mercredi soir, Nicolas Sarkozy a répliqué que la seule marge de man?uvre était sa publication « tout de suite ou dans quelques jours ». Angela Merkel a prévenu qu'elle exigeait des avancées concrètes dans les nouvelles règles financières : « ce qui n'est pas décidé ici à Londres ne sera pas décidé non plus dans les mois qui viennent. » Nicolas Sarkozy confirme : « après-demain, ce sera trop tard. » Les leaders du monde ont quelques heures jeudi pour conclure.

A noter que cette journée du mercredi qui doit voir l'ouverture officielle du sommet avec un dîner a été marquée par des manifestations à Londres d'opposants au système capitaliste et à la mondialisation. Ils n'étaient que quatre mille selon les décomptes officiels ce qui représente une faible mobilistaion mais certaines de ces manifestations ont dégénéré. La vitrine d'une agence bancaire de la RBS, Royal Bank of Scotland, établissement durement touché par la crise financière et économique et partiellement nationalisé pour éviter sa faillite, a ainsi  été brisée.