Grèce : Trichet met les points sur les i

Par latribune.fr  |   |  494  mots
Le président de la Banque centrale européenne veut sortir la Grèce de la crise et éviter une autre crise de ce genre. Les ministres des Finances européens vont décider d'une série de mesures pour sortir la Grèce de la crise.

"Ce que la Grèce a fait dans le passé n'aurait pas dû être toléré et ne sera pas toléré. Elle doit maintenant corriger ce qu'elle a fait dans le passé. Elle doit renforcer la vérification de ses chiffres. Il faut qu'elle se rende compte qu'elle doit corriger une trajectoire qui était aberrante", estime le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, au grand jury RTL, Le Figaro, LCI.

C'est d'ailleurs toute l'Europe qui a la Grèce en ligne de mire. La zone euro va mettre le pays sous surveillance rapprochée. Les ministres des Finances européens, réunis lundi (à l'Eurogroupe) et mardi (à l'Ecofin), vont entériner une série de mesures exceptionnelles pour redresser les comptes du pays. L'objectif est de ramener en 2012 le déficit public sous 3% du PIB. Il atteignait encore 12,75% l'an dernier. Les ministres veulent aussi rappeler à la Grèce que sa politique macroéconomique met en danger le bon fonctionnement de la zone euro et lui demander des mesures spécifiques pour y remédier: des réformes des systèmes de retraite ou de santé, de l'administration publique, une maîtrise stricte des dépenses...

"Nous n'allons pas les laisser tranquilles" a prévenu le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Le pays devra présenter un premier rapport d'ici mi-mars, un deuxième mi-mai, puis un tous les trois mois. Pour calmer les marchés, Jean-Claude Juncker a promis, jeudi, de prendre, si besoin, des mesures "coordonnées" pour aider les Grecs. En effet, il a reconnu que l'Eurogroupe avait commis une "erreur de négligence moyennement grave" en ne s'étant pas suffisamment préoccupé de la situation financière de la Grèce. Selon lui, une exclusion de la Grèce de la zone euro "aurait des effets semblables à ceux d'un tremblement de terre: incontrôlables" et entraînerait une réaction "extensivement négative" des marchés financiers.

Par ailleurs, selon le New York Times, des banques américaines comme Goldman Sachs auraient utilisé des instruments financiers complexes comme ceux qui ont été à l'origine de la crise financière américaine, pour aider la Grèce à dissimuler l'ampleur de sa dette. Un montage élaboré par Goldman Sachs aurait permis en 2001, juste après l'adhésion d'Athènes à l'Union monétaire européenne, d'aider le gouvernement grec à emprunter des milliards. En échange, le gouvernement grec aurait renoncé à des revenus futurs, comme des taxes d'aéroports ou des recettes du loto, pendant les années à venir. La polémique monte car la banque d'affaires américaine est aussi le principal teneur de marché des CDS, le credit default swap, assurance contre la défaillance d'un emprunteur, qui participent à la spéculation contre la dette grecque depuis plusieurs semaines, provoquant une hausse des taux d'intérêts des obligations d'Etat hellène et leur écart avec les obligations de la réference de la zone euro, celles de l'Allemagne.