La tension monte entre la Grèce et les autres pays de la zone euro

Par latribune.fr  |   |  780  mots
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
Alors qu'Athènes a affirmé lundi vouloir s'en sortir seule et ne pas prévoir de nouvelles mesures de réduction de ses déficits, l'Eurogroupe, qui réunit les pays de la zone euro, a augmenté la pression lundi soir. Il exige d'Athènes de nouvelles mesures d'économie si besoin.

Le ton est monté ces dernières heures au sein de la zone euro à propos de la situation de la Grèce, confrontée à un très lourd endettement et à la spéculation des marchés contre elle. Alors qu'Athènes a affirmé ce lundi vouloir s'en sortir seule et ne pas prévoir de nouvelles mesures de réduction de ses déficits, l'Eurogroupe, qui réunit les pays de la zone euro, a augmenté la pression lundi soir et les ministres des finances de tous les pays européens, réunis au sein de l'Ecofin, ont enfoncé le clou ce mardi.

Ils ont exhorté la Grèce à opérer cette année d'importantes réductions budgétaires, lançant un avertissement contre le risque de mettre en danger la zone euro. Dans une déclaration, ils ont souligné que la Grèce devait montrer d'ici au 16 mars que le pays était sur la voie d'une réduction de son déficit afin de le faire passer de 12,7% du produit intérieur brut à 8,7% du PIB cette année. Le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou a affirmé que son pays était déjà en avance sur ses objectifs

L'Eurogroupe avait déjà demandé lundi soir à la Grèce de se tenir prête à prendre si nécessaire de nouvelles mesures de restriction budgétaire et de baisse de ses projets d'investissements et à préparer de nouvelles taxes, notamment sur les produits de luxe mais aussi sur les véhicules, avec l'accord de la Commission européenne. La Grèce devra rendre compte des progrès réalisés d'ici le 16 mars, et s'ils se révèlent insuffisants, les ministres des Finances des 16 pays de la zone euro ont averti qu'Athènes devra prendre ces mesures supplémentaires afin de bien de ramener dès cette année son déficit de 12,7% à 8,7% de son produit intérieur brut (PIB).

Les pays de la zone euro ont promis d'aider la Grèce mais veulent d'abord que le pays procède à d'importants coupes dans ces dépenses. "Nous n'abandonnerons pas la Grèce", a lancé la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde. Mais selon elle,  la Grèce doit d'abord montrer au jour le jour qu'elle prend les mesures pour parvenir à ses objectifs.

Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui préside l'Eurogroupe, affirme que la Grèce a accepté de prendre des mesures supplémentaires au cas où il semblerait qu'elle ne puisse pas atteindre les objectifs fixés. "Le 16 mars, nous vérifierons pour voir si la Grèce remplit les objectifs qu'elle s'est fixée". Si elle n'est pas sur la bonne voie, les ministres des Finances de la zone euro, excepté la Grèce, voteraient pour déterminer si des actions sont nécessaires et "imposeraient à la Grèce" de nouvelles mesures. Mais la crise grecque est "d'abord et avant tout un problème grec et un problème interne grec", souligne Jean-Claude Juncker qui dit croire que le programme élaboré par la Grèce pour sortir de la crise est "faisable".

Si toutes ces mesures ne suffisaient pas (efforts grecs puis mesures supplémentaires imposées par l'Eurogroupe) pour réduire le déficit budgétaire héllène, la zone euro, dont la monnaie est tombée ces dernières semaines autour de 1,36 dollar avant de remonter ce mardi, "prendra des mesures déterminées et coordonnées pour préserver la stabilité de l'eurozone dans sa totalité" a indiqué Jean-Claude Juncker sans vouloir en dire plus  "Nous ne pensons pas qu'il serait sage d'avoir une discussion publique sur de tels instruments, mais si ces instruments sont requis, alors vous pouvez être sûrs que nous aurons ces instruments". Le ministre grec des Finances George Papaconstantinou avait lu, au contraire, appelé les pays de la zone euro à dévoiler comment un tel plan de sauvetage fonctionnerait, estimant que cela "empêcherait les marchés d'attaquer la Grèce". Encore une divergence de taille entre la Grèce et ses "partenaires" de la zone euro.

Ce sauvetage éventuel de la Grèce fait l'objet d'une négociation intense entre pays de la zone euro dans laquelle l'Allemagne tient une place prépondérante compte tenu de la relative bonne santé de ses finances publiques comparativement à ses voisins. Elle est donc en position de force pour imposer ses vues mais aussi pour obtenir des compensations à ses éventuels efforts. Elle devrait ainsi obtenir la présidence de la Banque centrale européenne, en remplacement du français Jean-Claude Trichet, parvenu en fin de mandat, après la nomination hier soir d'un portugais au poste de vice-président.