Christine Lagarde jette un pavé dans la mare allemande

Par latribune.fr  |   |  398  mots
Selon la ministre française de l'Economie, l'excédent commercial de l'Allemagne pourrait être insupportable pour ses voisins de la zone euro. Elle critique le modèle allemand basé sur la pression sur les coûts du travail et sur la forte amélioration de la compétitivité. Les pays européens doivent parler en ce début de semaine d'un plan d'aide à la Grèce et du renforcement de la régulation financière.

La ministre français de l'Economie, Christine Lagarde, va sans doute agacer outre-Rhin. Dans un entretien accordé ce lundi au Financial Times, elle critique le modèle économique allemand et la pression qu'il exerce sur les autres pays européens.

Elle considère en effet que l'excédent commercial de l'Allemagne pourrait être insupportable pour ses voisins de la zone euro. "Ceux avec des excédents pourraient-ils faire un petit quelque chose? Chacun doit y mettre du sien. Il est clair que l'Allemagne a accompli un extrêmement bon travail au cours des dix dernières années environ, améliorant la compétitivité, exerçant une forte pression sur ses coûts de main d'oeuvre".

Mais elle ajoute : "je ne suis pas sûre que ce soit un modèle viable à long terme et pour l'ensemble du groupe (de la zone euro). Il est clair que nous avons besoin d'une meilleure convergence".
 

Autre tacle vers l'Allemagne, Christine Lagarde considère que l'idée, soutenue par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaeuble, d'un Fonds monétaire européen, un FMI à l'européenne, pour aider les pays membres de la zone euro en crise, - idée née après la crise grecque - n'est pas une priorité pour la zone euro. Elle estime que la zone euro doit au préalable s'assurer que la Grèce respecte les mesures d'austérité auxquelles elle s'est engagée, puis fasse preuve "d'un peu de créativité et d'innovation" et utilise les règles européennes en vigueur pour renforcer la discipline budgétaire.
 

Les ministres des Finances de la zone euro (EuroGroupe) et de l'Union européenne (Ecofin) se réunissent ces lundi et mardi pour discuter de l'aide à apporter à la Grèce, plombée par une dette de 300 milliards d'euros. Un plan d'aide européen, évoqué depuis plusieurs semaines, pourrait de nouveau être envisagé.

Les Européens doivent aussi parler lors de ces réunions de la nécessité de renforcer la régulation financière. Certains pays voudraient renforcer cette dernière et aller jusque là à interdire à un acteur financier n'appartenant pas à l'Union européenne, un hedge fund par exemple, de vendre ses produits en Europe. Une idée qui sucsite la réticence de certains pays européens, dont la Grande-Bretagne malgré la déclaration commune Brown-Sarkozy de vendredi, et inquiète fortement les Etats-Unis.