Sommet franco-allemand sur fond d'écart de croissance

Par La Tribune  |   |  426  mots
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Aux côtés de Nicolas Sarkozy et François Fillon, 8 ministres français participent à un sommet bilétaral à Fribourg. En 2010, Berlin a connu une croissance supérieure à 3,4 %, creusant l'écart avec la France.

Le treizième conseil des ministres franco-allemand va s'ouvrir ce vendredi à Fribourg, dans le sud de l'Allemagne sous le signe de l'écart grandissant entre la croissance des deux côtés du Rhin. Alors qu'en France, la croissance ne devrait pas dépasser 1,5 %, l'année 2010 devrait être historique en Allemagne. Jeudi, le ministre fédéral de l'Économie, Rainer Brüderle, a précisé que la prévision officielle du gouvernement de 3,4 % de croissance n'était qu'un minimum. Un tel rythme d'activité ne s'est jamais vu depuis 1991. La nouveauté, c'est que ce dynamisme n'est plus porté par les seules exportations, qui ont marqué d'ailleurs le pas en octobre, mais plutôt par la demande intérieure et en particulier par la consommation. L'optimisme de Rainer Brüderle s'explique d'ailleurs en grande partie par l'excellente saison de Noël actuelle du commerce de détail. Les perspectives de hausses salariales, la forte épargne accumulée, la décrue du chômage sont autant d'explications de ce phénomène. Et voici l'Allemagne entraîné dans un cercle vertueux : sa bonne santé économique conforte les ménages dans leur retour à la consommation, ce qui soutient à son tour les perspectives de croissance. L'an prochain sa croissance devrait encore être la plus forte de la zone euro.

Le voyage à Fribourg sera donc bien inconfortable pour Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde. Plus question pour la ministre de l'Économie d'accuser l'Allemagne d'égoïsme, son argument d'une croissance intérieure sacrifiée est aujourd'hui caduque. Pire, le découplage entre la première économie du continent et ses partenaires européens est le signe que la croissance allemande ne se nourrit plus autant qu'auparavant de celle de ses voisins. Elle puise désormais à la source de la croissance asiatique et la nourrit plus en retour. La Chine est d'ailleurs devenue son premier fournisseur cette année. Du coup, l'enjeu pour Paris est de faire comprendre à son voisin allemand qu'il a encore intérêt à demeurer dans la zone euro. À quelques jours du sommet européen du 16 décembre, l'Élysée et la Chancellerie veulent profiter du rendez-vous de Fribourg pour montrer des signes de convergences. Ainsi, Paris est d'accord avec Berlin pour ne pas débattre de la création d'obligations européennes. Et les deux capitales sont à l'unisson pour juger suffisant le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Forte de la croissance allemande retrouvée, Angela Merkel a toutefois les moyens de poser ses conditions dans le débat sur l'avenir de la zone euro.