Les Chinois commencent à déprimer face à l'avenir

Par latribune.fr  |   |  351  mots
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Malgré une hausse du revenu par habitant cette année, les Chinois, notamment dans les zones rurales, s'inquiètent pour leur emploi et leur couverture sociale, sur fond de hausse des prix.

Est-ce le spleen qu'engendre quelques fois le succès ? Peut-être. Selon le rapport annuel, "Le livre bleu", de la Chinese Academy of Social Science (CASS), publié mercredi, le nombre de Chinois qui ne sont pas satisfaits par la vie qu'ils mènent augmente, remettant en cause l'image dynamique et harmonieuse que se plaisent à diffuser au plan international les autorités chinoises.

S'appuyant sur un sondage réalisé auprès de 4.100 personnes l'académie a relevé que son indice de satisfaction était tombé cette année à son plus bas niveau depuis 2006. Il est notamment passé de 3,59 en 2009 à 3,37 en 2010, dans les petites villes et de 3,55 à 3,42 dans les campagnes.

L'avenir préoccupe particulièrement les habitants des petites villes et des zones rurales, qui craignent pour l'emploi et la couverture sociale, et redoutent une hausse du coût de la vie. En novembre, le taux d'inflation a atteint 5,1%, alimenté en particulier par la hausse des prix des légumes et fruits, dont la récolte a subi de mauvaises conditions climatiques.

Cette impression contraste avec les données économiques. Selon la CASS, le PIB a atteint cette année 4.000 dollars (3.020 euros) par habitant, soit une hausse de 10% par rapport à 2009. Mais si la richesse générale augmente, et même si sa croissance est plus rapide aujourd'hui dans les zones rurales que dans les zones urbaines, l'écart entre les ménages riches et modestes tend à se creuser, un sujet sensible.

Par ailleurs, les experts du CASS avance plusieurs causes pour expliquer ce désappointement. Il y a d'abord un phénomène structurel de métamorphose rapide d'une société largement rurale vers une société industrielle et urbanisée, qui fragilise une bonne partie de la population poussée à l'exode rural et à la modernisation de la vie. Au cours des deux dernières décennies, 8 millions de personnes ont migré en moyenne chaque année vers les villes.

En outre, la crise financière mondiale est aussi un objet de préoccupation, davantage que les récriminations à l'égard des abus de pouvoir ou de la difficulté à monter l'échelle sociale.