La Belgique, nouveau maillon faible de la zone euro

Par Robert Jules  |   |  466  mots
Yves Leterme, Premier ministre de la Belgique. Copyright Reuters
Le ministre des Finances belge Didier Reynders plaide en faveur de la mise en place rapide de mesures de rigueur budgétaire. L'agence Standard & Poor's a placé la perspective de la note souveraine à long terme de la Belgique de "stable" à "négative", ce qui pourrait déclencher une attaque des marchés financiers en 2011.

Après la crise traversée en 2010 par les PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne), les marchés financiers pourraient bien commencer la nouvelle année en testant la solidité de certains nouveaux membres de la zone euro, avec la Belgique en première ligne.

Il y a quelques jours, l'agence Standard & Poor's modifiait la perspective de la note à long terme "AA+" de la Belgique de "stable" à "négative".  "Je suis sûr que les spéculateurs vont attaquer la Belgique, si au premier trimestre des décisions budgétaires ne sont pas prises - soit par le nouveau gouvernement, soit par le gouvernement actuel", confirmait en écho mardi soir à la télévision belge Didier Reynders, ministre des Finances.

Le pays souffre en effet de deux handicaps : une dette publique élevée et une fracture qui s'est accrue à la suite des élections de juin 2010 entre les communautés des Flamands et des Wallons. Cette division rend difficile la constitution d'un gouvernement stable en raison de l'absence de consensus tant politique que linguistique. "Nous pensons que la persistance de ces incertitudes politiques auraient été bien plus préjudiciables à la qualité d'emprunteur du gouvernement si le pays ne bénéficiait pas d'institutions solides tant fédérales que régionales", souligne toutefois Marko Mrsnik, analyste crédit chez Standard & Poor 's.

Quant à la dette publique, sa charge devrait s'alourdir. Selon la Commission européenne, elle devrait atteindre 98,6% du PIB cette année, puis 100,5% en 2011 et 102,1% en 2012. Pourtant, contrairement aux maillons faibles de la zone euro, le pays enregistre une croissance économique plus qu'honorable avec + 2% en 2010. "Cette performance est due en partie à une forte hausse des exportations, grâce au spectaculaire rebond de l'économie en Allemagne, son principal partenaire commercial", soulignent les experts de la Commission.

Ce rythme devrait perdurer avec une hausse du PIB attendue à 1,8 % en 2011 et à 2% en 2012. Quant au déficit public, il devrait décroître de 4,8 % du PIB en 2010 à 4,6% en 2011. Mais ces performances dépendent de l'application de nouvelles mesures que doit introduire un gouvernement pour améliorer la performance du pays, comme l'indique Didier Reynders. "Au cours des dernières années, il y a eu une perte structurelle des parts de marchés pour les exportations belges à la fois dans les produits manufacturés et dans les services. Depuis 2005, le coût unitaire du travail a davantage progressé en Belgique que dans la zone euro, principalement en raison d'un ralentissement de la croissance de la productivité et de la forte hausse des revenus, comparé à ses trois pays voisins", souligne la Commission européenne dans son dernier rapport trimestriel.

Dans ces conditions, met en garde Marko Mrsnik,  "si la Belgique échoue à former rapidement un gouvernement, une dégradation de sa note souveraine interviendra, potentiellement dans les six prochains mois".