Recul surprise des ventes de détail allemandes en décembre

Par Romaric Godin, correspondant de La Tribune à Francfort  |   |  399  mots
Copyright Reuters
Malgré une hausse sur l'ensemble de l'année 2010, les ventes au détail ont déçu en décembre. Les achats de Noël n'ont pas rempli les espoirs du commerce.

Nouvelle preuve que la consommation allemande est repartie l'an passé, les ventes de détail y ont, selon l'Office fédéral des statistiques Destatis, progressé de 2,3% en termes nominaux. Si l'on tient compte de la hausse des prix de 1,1%, on obtient donc une hausse réelle de 1,1% du chiffre d'affaires du commerce de détail outre-Rhin sur 2010. Un chiffre qui confirme ceux publiés voici deux semaines par Destatis et qui avaient établi une progression de 0,5% de la consommation des ménages en 2010.

La progression est donc bien là. Elle reste néanmoins limitée. Destatis avait ainsi estimé à 0,3 point la contribution des dépenses des ménages à la croissance de 3,6% enregistrée en 2010 et qui provenait pour l'essentiel du solde extérieur et de l'investissement. Il convient du reste de souligner que cette croissance des ventes de détail en 2010 ne compense pas le recul enregistré en 2009 de 3,1% en termes réels.

Plus inquiétants encore sont les chiffres de décembre, et donc des dépenses de fêtes des ménages. La plupart des économistes, qui estiment désormais que, grâce aux bons chiffres du chômage, la consommation pourrait être cette année le pilier le plus solide de la croissance allemande, avaient prévu des chiffres éclatants. Ils en ont été pour leurs frais. En décembre 2010, les ventes au détail ont été inférieures en termes réels de 1,3% à leur niveau de décembre 2009, soit seulement 0,3% de plus nominalement. Le tout avec un jour ouvrable de plus.

Seuls le commerce en ligne et le textile affichent des progression en décembre (de 3% pour l'un, 0,4% pour l'autre). Est-ce un coup d'arrêt à la reprise - encore très modeste - de la consommation ? Beaucoup d'experts ne veulent pas le croire. "Ces mauvais chiffres ne collent pas avec la bonne humeur des consommateurs et avec les déclarations des entreprises", relève ainsi Alexander Koch, chef économiste de HVB Unicredit à Munich qui insiste sur le caractère "révisable" de ces données.

Mais comme les chiffres de novembre étaient également décevants, d'autres s'inquiètent. Andreas Scheurle, économiste chez DekaBank, par exemple, estime que "les entreprises de ventes au détail étaient trop optimistes et nous ont conduit sur une mauvaise route". Il pense donc qu'une révision à la baisse de la croissance allemande au troisième trimestre n'est pas à exclure.