Du Maroc à l'Iran, la pression de la rue ne faiblit pas, la répression non plus

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  573  mots
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Ce dimanche a encore été marqué dans tout le monde arabe par une série de heurts et d'affrontements entre les opposants aux divers régimes autocratiques et les forces de l'ordre. La tension touche aussi Israël qui a annoncé une intensification de ses achats d'armes après le franchissement historique du Canal de Suez par des navires de guerre iraniens.

Israël déclare ce dimanche qu'elle va augmenter son budget militaire. Le pays dit considérer "avec la plus grande gravité" le franchissement du canal de Suez par deux navires de guerre iraniens pour la première fois depuis la révolution islamique de 1979.

"La composante sécuritaire est indispensable à tout accord de paix et nous sommes aujourd'hui témoins de l'instabilité de la région dans laquelle nous vivons et que l'Iran tente d'exploiter afin d'étendre son influence en dépêchant deux navires de guerre à travers le canal de Suez", a déclaré le Premier ministre, Benjamin Netanyahu. Le budget annuel israélien de la Défense s'élève à 13 milliards de dollars, dont 2,7 milliards de dollars d'assistance militaire américaine, soit un peu moins de 7% du PIB.

Ces manoeuvres d'intimidation entre les deux puissances ennemies s'ajoutent aux tensions sociales qui montent dans la quasi totalité des pays arabes. Heurts et affrontements entre opposants au régime en place et forces de l'ordre se sont encore multipliés ce week-end.

En Iran justement, les forces anti-émeutes et les miliciens islamistes se sont déployés ce dimanche dans le centre de Téhéran et sont intervenus pour disperser des tentatives de rassemblements de l'opposition sur les principales places et avenues de la capitale. Ceux-ci se déplacent en moto pour effrayer la population et contrôlent pour le moment le terrain, si bien qu'aucun incident ne semble à déplorer dans la capitale. Les autorités iraniennes ont pourtant arrêté la fille de l'ancien président Akbar Hachemi Rafsanjani pour sa participation à un rassemblement interdit de l'opposition, a annoncé l'agence de presse Irna.

La Libye, elle, vit dans le chaos. Plus de 100 personnes auraient été tuées depuis la début de la révolte mardi. La ville de Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l'est de Tripoli a été qualifiée de zone de "massacres" par Fathi Terbeel, un des organisateurs des manifestations, sur la chaîne Al-Jazira. "Cela ressemble à une zone de guerre ouverte entre les manifestants et les forces de sécurité". Ce dimanche, des manifestants antigouvernementaux se sont introduits dans le journal Quryna, proche du fils de Mouammar Kadhafi, pour demander aux journalistes de quitter les lieux.

A Barhreïn, des milliers de manifestants se sont inspirés de l'Egypte et se sont rassemblés sur la place de la Perle, la principale place de Manama. Les groupements se sont donc reformés après l'attaque surprise par la police jeudi dernier, qui a causé la mort de six manifestants. Les mouvements de l'opposition tentent toujours de dialoguer avec le prince héritier, Ali Abdullah Saleh's, mais demandent la démission du gouvernement responsable selon elle de la répression sanglante de la contestation populaire.

Au Maroc, des échauffourées ont éclaté ce dimanche à Al Hoceima, dans le nord du pays, la police ayant dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser des protestataires qui attaquaient notamment un poste de police, selon des témoins. Dans de nombreuses autres villes du Maroc, des manifestations en faveur de réformes politiques ont eu lieu avec quelques incidents, en particulier à Marrakech (sud) et Larache (nord).

Enfin au Yémen, les membres de l'opposition du parlement ont décidé ce dimanche de se joindre au mouvement de protestation conduit en majorité par les étudiants, affirmant qu'ils ne céderaient pas à la menace des armes.