Les alliés se rapprochent progressivement d'un armement des rebelles libyens

Par Eric Albert, à Londres  |   |  480  mots
Les leaders internationaux réunis à Londres
La conférence internationale sur la Libye à Londres de ce mardi crée par ailleurs un « groupe de contact » chargé de mener les discussions politiques sur l'avenir du pays

Ballon d'essai ou sérieux pas en avant ? Les alliés occidentaux commencent à évoquer du bout des lèvres la possibilité d'armer directement les rebelles libyens.

Alain Juppé, en clôture de la conférence internationale sur la Libye qui s'est déroulé à Londres ce mardi, se dit « prêt à discuter de l'armement » des rebelles avec ses partenaires internationaux. Le souhaite-t-il ? « Je n'irais pas plus loin. »

Hillary Clinton, le secrétaire américaine, semble aller dans le même sens. Selon elle, la résolution des Nations Unies 1973, qui autorise l'intervention aérienne en Libye, est écrite de telle façon « qu'il pourrait être légitime de transférer des armes (aux rebelles libyens) si un pays choisissait de le faire ». Elle précise aussitôt : « nous n'avons pas pris cette décision actuellement. »

Ce langage codé est logiquement reçu très positivement par le Conseil National de Transition (CNT), l'organisme politique représentant les rebelles. « Nous demandons d'abord un soutien politique, mais si nous pouvons obtenir des armes également, ce serait d'autant mieux », estime Mahmoud Shammam, son porte-parole. Il souligne que ses forces sur le terrain sont extrêmement limitées : « Les jeunes qui mènent les combats ont très peu d'armes. » Selon lui, celles qu'ils ont viennent généralement de ce qu'ils ont pu récupérer des soldats de Kadhafi qui ont fuit face aux frappes aériennes occidentales.

De telles déclarations de la France et des Etats-Unis sont cependant loin de faire l'unanimité. La Russie en particulier se montre très critique. Selon Serguei Lavrov, son ministre des affaires étrangères, l'intervention militaire occidentale va déjà trop loin. « L'intervention de la coalition dans la guerre civile n'est pas, pour l'essentiel, en ligne avec la résolution des Nations Unies. »

Face à ces contradictions internationales, la conférence sur la Libye à Londres, qui réunissait une quarantaine de pays, s'est contentée du service minimum. Un « groupe de contact » chargé de mener les discussions politiques avec le CNT a été mis en place. Il travaillera parallèlement à l'Otan, qui dirige les opérations militaires. Ce nouveau groupe sera composé d'une vingtaine de membres : 15 pays, ainsi que l'Union Européenne, la Ligue Arabe, les Nations Unies, et peut-être l'Union Africaine. Cette dernière a cependant refusé de venir à la conférence de Londres, et sa présence dans le groupe de contact n'est pas confirmée. Le groupe se réunira « dans les prochaines semaines », d'abord au Qatar, puis en Italie, selon Alain Juppé.

Seul véritable consensus des pays présents à Londres ce mardi : l'après-Kadhafi est une affaire intérieure libyenne, qui doit être gérée en interne. Pas question pour les Occidentaux de s'en mêler directement. Mais la ligne est étroite entre la possibilité d'un armement des rebelles, et la non-intrusion dans les affaires politiques intérieures libyennes.