Zone de sécurité inchangée autour de Fukushima malgré les recommandations

Par latribune.fr  |   |  733  mots
Vue aérienne de la centrale nucléaire gravement endommagée Fukushima-Daiichi au Japon - Copyright Reuters
Malgré un taux de radioactivité grandissant dans l'eau de mer au large de la centrale de Fukushima-Daiichi et les nombreux appels à élargir la zone d'évacuation autour du site, le gouvernement japonais reste inflexible. Il assure que le public est hors de danger.

"Au Japon, nous demandons aux gens de suivre les règles parce que s'ils le font, ils ne subiront pas de conséquence sur leur santé", a expliqué Naoto Kan, le chef du gouvernement lors d'une conférence de presse ce vendredi exluant toujours ainsi d'élargir la zone d'évacuation autour de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, gravement endommagée par le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord du Japon le 11 mars dernier.

Pourtant, les appels se font grandissant ces deux derniers jours, notamment de la part de l'agence de sûreté nucléaire japonaise. Cette dernière a en effet relevé jeudi une augmentation sensible de la la radioactivité de l'eau de mer au large de la centrale, désormais 4.385 fois supérieure à la limite admise. Il s'agit du taux le plus élevé d'iode radioactif relevé en mer depuis le tsunami.

Les niveaux systématiquement élevés de radioactivité relevés en mer signifient probablement que des substances radioactives s'écoulent en permanence dans la mer, a déclaré jeudi l'Agence de sûreté nucléaire japonaise. "C'est une possibilité", a reconnu le directeur général adjoint de l'agence de sécurité, Hidehiko Nishiyama, lors d'une conférence de presse, en ajoutant qu'il ignorait où pouvaient se produire les fuites radioactives.

Le périmètre de la zone d'évacuation fait débat

Devant ces chiffres, l'agence a suggéré au gouvernement japonais d'envisager d'étendre la zone d'évacuation décrétée autour de la centrale accidentée au-delà des 20 km décrétés jusque-là. La veille, l'association Greenpeace avait également jugé cette zone de sécurité insuffisante. Elle a en effet noté que le taux de radioactivité était inégal selon les zones mais que certains endroits à plus de 40 km de la centrale étaient plus dangereux que d'autres situés dans la zone d'évacuation.

Jusque-là, les habitants situés dans la zone comprise entre 20 et 30 kilomètres ont été invités -mais non contraints-par le gouvernement à partir également ou se calfeutrer chez eux.

Or, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a fait savoir mercredi que la radioactivité enregistrée à Iitate, un village situé à 40 km de la centrale, dépassait l'un des critères retenus pour l'évacuation des habitants.

Mais le gouvernement exclut dans l'immédiat d'élargir la zone d'évacuation pour contraindre 130.000 habitants à partir, en plus des 70.000 qui ont déjà été déplacés.

Naota Kan a en outre indiqué que les réacteurs endommagés de la centrale (1 à 4) seraient démantelés une fois les les opérations de refroidissement terminées.

En outre, le ministère japonais de l'Economie a annoncé mercredi une mise à jour des règles de sécurité pour toutes les centrales nucléaires du pays (18 centrales et 55 réacteurs). Ces nouvelles mesures devront être appliquées avant la fin avril.

Sarkozy et Lauvergeon au Japon

Arrivée mercredi dans l'Archipel, Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva, était accompagnée d'une première équipe d'experts. Avec les autorités japoanises, ils ont tenté d'évaluer l'aide que le groupe français pourrait apporter à Tokyo Electric Power (Tepco), l'exploitant de Fukushima et d'élaborer plusieurs solutions. D'ici la fin de la semaine prochaine, les experts français devraient être une vingtaine.

Quant au Président français, Nicolas Sarkozy, il a rendu pendant quelques heures une visite de solidarité avec les victimes japonaise dont le nombre s'élève actuellement à 28.000 morts et disparus. Il est le premier chef d'Etat ou de gouvernement étranger au Japon depuis la catastrophe du 11 mars. Il a proposé une réunion des autorités nucléaires des pays du G20, en mai à Paris, pour définir une "norme de sûreté nucléaire internationale". "Il est absolument anormal que ces normes internationales de sûreté n'existent pas", a-t-il ajouté.

Le Wall Street Journal dénonce le plan de secours de la centrale

Le quotidien américain "The Wall Street Journal", documents à l'appui, pointe du doigt le plan de secours prévu par la centrale en cas d'accident, plan jugé "inadapté" en cas d'accident majeur. Le journal explique que Tepco, l'exploitant de la centrale, ne prévoyait que des accidents mineurs. La preuve c'est qu'aucune ligne ne mentionne l'intervention des pompiers ou de l'armée, ni de l'utilisation de matériel pour contenir les fuites radioactives.