Côte d'Ivoire : la France et l'ONU sont entrées en action

Par latribune.fr  |   |  632  mots
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Des hélicoptères de la force française Licorne ont commencé à ouvrir le feu dans la soirée de lundi en Côte d'Ivoire. La France et l'Onu veulent neutraliser l'armée de Laurent Gbagbo afin de protéger des populations civiles. Le camp Ouattara a pour sa part annoncé la prise de la résidence de Gbagbo.Ce dernier chercherait à rendre les armes.

Des hélicoptères de la force française Licorne ont commencé à ouvrir le feu dans la soirée de lundi contre des objectifs de l'armée du président sortant Laurent Gbagbo à Abidjan, a déclaré à  l'agence Reuters, Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major français.

Nicolas Sarkozy avait autorisé peu de temps auparavant les unités françaises présentes en Côte d'Ivoire à intervenir aux côtés de la force de l'Onu dans le pays (Onuci) pour neutraliser des armes lourdes utilisées contre des populations civiles.  "Les hélicoptères de Licorne ont ouvert le feu en appui des opérations de l'Onuci", a dit à Reuters le porte-parole de l'état-major.

"Des moyens ont été engagés contre plusieurs objectifs : des armes lourdes dans des casernes et un détachement de véhicules blindés équipés de canons et de lance-roquettes", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, l'Elysée indique que cette intervention répond à une requête du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, qui a sollicité l'aide de la France dans une lettre à Nicolas Sarkozy. "Le président de la République a répondu positivement à cette demande et autorisé les forces françaises, agissant conformément au mandat que leur a donné le Conseil de sécurité, à participer aux opérations conduites par l'Onuci en vue de la protection des civils", lit-on dans le communiqué.

A Abidjan, des témoins ont rapporté que deux hélicoptères de l'Onu avaient tiré lundi des missiles sur le camp militaire d'Akouédo, qui abrite trois bataillons de l'armée ivoirienne fidèle à Laurent Gbagbo.

L'Elysée publie le texte des lettres échangées entre Ban Ki-moon et Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l'Onu déclarant qu'il était "urgent" de lancer des opérations pour mettre hors d'état de nuire des armes lourdes utilisées contre la population civile et l'Onuci qui lui vient en aide.

Auparavant dans la journée à Paris, l'état-major des armées avait annoncé l'envoi de 150 soldats supplémentaires en Côte d'Ivoire pour protéger les civils, portant à quelque 1.650 hommes l'effectif de son dispositifs Licorne sur place.

Venus du Gabon, les 150 hommes envoyés en renfort s'ajoutent aux 300 militaires déployés ce week-end.

La violence des affrontements préoccupe fortement les organisations humanitaires; en particulier l'ONU aux droits de l'homme qui dénonce une une situation humanitaire "absolument dramatique". L'inquiètude est d'autant plus forte que "des armes lourdes sont utilisées dans des quartiers (d'Abidjan, ndr) ayant une très forte densité de population, et auraient conduit à des dizaines de morts ces derniers jours", a souligné Rupert Colville, le porte parole du Haut commisariat aux droits de l'homme lors d'une conférence de presse ce mardi.

La porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU, Elisabeth Byrs, a quant à elle expliqué que "La plupart des hôpitaux ne marchent pas, ils manquent d'oxygène... quant aux ambulances, elles ne fonctionnent pas non plus et quand elles roulent, on leur tire dessus".

Gbagbo prêt à se rendre?

Les forces fidèles à Alassane Ouattara ont pris la résidence du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo. Cette annonce a été faite lundi par Patrick Achi, porte-parole du gouvernement Ouattara. Ce dernier a déclaré ignorer si Gbagbo s'y trouvait ou non au moment des faits.

Pour Ally Coulibaly, l'ambassadeur ivoirien en France et proche d'Alassane Ouattara , Laurent Gbagbo  "est en vie actuellement". Il a même indiqué sur RFI ce mardi que le président sortant "serait en négociations pour se rendre". Il ignore néanmoins les conditions dans lesquelles les négociations s'effectueraient. "Pour le moment, il n'en est pas là", a répondu le porte-parole de Laurent Gbagbo.