Côte d'Ivoire : l'étau se resserre autour de Gbagbo

Le clan Ouattara a attaqué ce vendredi matin la résidence du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo à Abidjan et mis la main sur la télévision nationale, a annoncé un porte-parole. Depuis jeudi, les tirs d'armes lourdes n'ont cessé de retentir. Pourtant Gbagbo s'accroche et répète ne pas vouloir rendre les armes. Paris l'exhorte à partir au plus vite.
Guillaume Soro, Premier ministre du gouvernement formé par Ouattara s'adresse aux troupes - Copyright Reuters

Le bras de fer qui oppose depuis plusieurs mois Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale au président sortant Laurent Gbagbo tourne nettement à l'avanatage du premier. Après cinq jours d'offensive musclée, le clan Ouattara est entré dans Abidjan. Des tirs nourris retentissent dans la capitale depuis jeudi soir. Après avoir ordonné la fermeture jusqu'à nouvel ordre des frontières terrestres, aériennes et maritimes et imposé un couvre-feu nocturne, les troupes de Ouattara ont attaqué la résidence de Gbagbo sans que ce dernier ne rende les armes pour autant. "Sa maison est attaquée, c'est certain. Il y a de la résistance, mais elle est attaquée", a déclaré à Reuters Patrick Achi, porte-parole du gouvernement mis sur pied par Alassane Ouattara. "n'a manifesté aucune intention de céder le pouvoir. "Je pense qu'il ne verra pas que la partie est terminée, parce qu'il pense vraiment que Dieu va le sauver (...) Gbagbo se trouve chez lui, j'en suis certain. Il n'est allé nulle part." a-til ajouté.

Selon des habitants, la radio télévision ivoirienne (RTI) a cessé d'émettre à 22h45 GMT après avoir diffusé à plusieurs reprises des images de Laurent Gbagbo et des ses proches. "La RTI a été prise. Elle n'émet plus. Elle est sous contrôle", a indiqué Patrick Achi, précisant qu'une déclaration serait faite dans la journée.

Guillaume Soro, Premier ministre du gouvernement formé par Ouattara, a déclaré jeudi à Reuters que Gbagbo ne resterait pas plus de quelques heures au pouvoir et que la partie était terminée.

Pour prévenir d'éventuelles attaques de ressortissants français par des partisans de Gbagbo, l'état-major français des armées a indiqué que des militaires français de la force Licorne se sont déployés en plusieurs points d'Abidjan. Des centaines de ressortissants étrangers, dont 150 Français environ, ont été regroupés depuis jeudi soir dans le camp militaire français de Port-Bouët par mesure de précaution.

Il n'empêche. Le ministère suédois des Affaires étrangères a annoncé qu'une suédoise de 34 ans, employée de l'ONU et travaillant à Abidjan, a été tuée par balle jeudi alors qu'elle était chez elle. "Probablement une balle perdue".

A Washington, le département d'Etat a lancé un appel à la retenue à toutes les parties au conflit et averti que Gbagbo et son épouse auraient à rendre des comptes au cas où de graves violences éclateraient.

Jeudi, Ouattara avait averti son rival qu'il pouvait encore se rallier à lui pour éviter, selon lui, "de nouvelles souffrances aux populations". Laurent Gbagbo "a encore quelques heures pour partir, sinon ce sera la marche sur Abidjan. Et ce sera beaucoup plus compliqué pour lui", a averti pour sa part mercredi Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara.

L'offensive des troupes de Ouattara lancée depuis lundi dernier a fait tomber plusieurs villes ivoiriennes les unes après les autres, notamment San Pedro (nord-ouest du pays), le premier port d'exploitationde du cacao au monde. A l'inverse de son rival, le camp Ouattara réclame depuis deux mois l'arrêt de l'exportation de la production nationale de cacao. Or, d'un arrêt des exportations découlerait un afflux de stocks de fèves brunes sur le marché, un scénario de plus en plus proche compte tenu de l'avancée des troupes de Ouattara. De quoi accentuer depuis le début de la semaine la chute des cours du cacao. Jeudi, la tonne de cacao s'échange sur le marché londonien Liffe pour livraison en mai à 1.915 livres, un plus bas depuis le 10 janvier.

Paris n'a "pas d'informations définitives sur ce qui se passe à la présidence et à la résidence" présidentielle où Laurent Gbagbo serait retranché, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valeroen lors d'un point de presse au Quai d'Orsay ce vendredi. Les autorités françaises souhaitent le départ de Laurent Gbagbo le plus vite possible pour mettre fin aux violences à Abidjan. "Le plus tôt sera le mieux". La France ne sait pas où se trouve actuellement Laurent Gbagbo , qui est supposé être soit dans sa résidence, soit au palais présidentiel, distant d'une dizaine de kilomètres.

Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) "est particulièrement préoccupé par tous les conflits en cours dans les principaux centres urbains du pays, en particulier avec ce qui se passe à Abidjan", a déclaré Pierre Krähenbühl, directeur des opérations lors d'une conférence de presse. Il exhorte les forces en présence à respecter les civils à Abidjan. L'organisme demande 15 millions de francs suisses supplémentaires (11,5 millions d'euros) pour les victimes à l'intérieur du pays et 5,5 millions (4,2 millions d'euros) pour les Ivoiriens réfugiés au Liberia.

Devant ces affrontements, le porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme appelle les deux camps à la "retenue extrême". Et d'expliquer que si les partisans du régime Gbagbo continuent d'enfreindre les droits de l'homme, ceux de Ouattara également. Pillages, extorsions de fonds, enlèvements, arrestations arbitraires et mauvais traitements de civils seraient  commis par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire pro-Ouattarra.

Quatre mois après le début de la crise ivoirienne, l'ONU fait état d'au moins 470 morts et près d'un million de personnes déplacées. Le Comité international de la Croix-Rouge décompte quant à elle des milliers de blessés.

 

 

 

Commentaires 7
à écrit le 01/04/2011 à 15:32
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Courage pour les Ivoiriens!

à écrit le 01/04/2011 à 14:09
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Quel malheur encore en Cote d'Ivoire !!! Nous voudrions bien que la PAIX règne en ce monde survolte -

le 01/04/2011 à 14:24
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@ Rubis: facile à dire quand on est devant la télé avec le ventre plein. Les gens se révoltent non pour le plaisir, mais parce qu'ils ont faim !!!

le 01/04/2011 à 15:12
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Enfin, ici c'est surtout parce qu'une fois le patriarche décédé (Houphet Boigny) , ses fidèles lieutenants voulaient tous le pouvoir. Une fois les guerres de clans (politiques, pas tribals) en marche, après quelques années les gens en ont marre et le...

le 01/04/2011 à 15:40
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Ils se revoltent ? pour prendre le pouvoir ! il ne faut tout mettre dans le meme sac. La cote d ivoire les a accepte depuis 20 ans pour aujourd hui les retrouver comme maitres. Les chretiens seront convertisdans tous les pays sinon decimes . L histo...

le 01/04/2011 à 16:07
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Henry IV etait chez lui pour gouverner des francais.

le 01/04/2011 à 18:58
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Patrickb je parlais pour la Cote d'Ivoire : c'est quand meme triste de voir des personnes tombees chaque jour car le president elu ne peut prendre ses fonctions - je pense que votre jugement a ete un peu severe en ce qui me concerne mais je passe au-...

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