La BCE procède à sa première hausse des taux depuis juillet 2008

Par Christelle Fradin  |   |  616  mots
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La Banque centrale européenne, par la voix de son président, avait prévenu les marchés dès le 3 mars dernier de sa "forte vigilance". Elle passe aujourd'hui à l'acte, en relevant le taux de refinancement d'un quart de point à 1,25%. Jean-Claude Trichet a jugé sa politique monétaire toujours accommodante et confirme que les perspectives des prix restent orientées à la hausse.

Pionnière du G7, la BCE a procédé aujourd'hui à sa première hausse des taux depuis le mois de juillet 2008. Figé depuis mai 2009 à 1% dans un contexte de crise financière après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, le taux de refinancement a en effet été relevé d'un quart de point à 1,25%. Le taux de facilité de dépôts est à présent de 0,5% et le taux de prêt marginal de 2%.

Les marchés s'y étaient préparés, Jean-Claude Trichet, son président, ayant appuyé sa "forte vigilance" à l'issue de la précédente réunion de la BCE, le 3 mars dernier. Car l'inflation a franchi depuis le mois de décembre maintenant le cap fatidique des 2%. En mars, elle a même été relevée à 2,6%.

"Nous n'avons pas décidé aujourd'hui que (la hausse) était la première d'une série de relèvements des taux d'intérêt", a commenté Jean-Claude Trichet, président de la BCE, dans sa traditionnelle conférence de presse. "Mais vous savez, au regard de notre propre doctrine passée, que nous faisons toujours tout ce que nous jugeons nécessaire pour assurer la stabilité des prix à moyen terme. Donc je confirme que nous ferons tout ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité des prix."

Selon lui, "la politique monétaire reste accommodante et continue de ce fait à apporter un soutien considérable à l'activité économique et à la création d'emplois. L'ajustement de cette politique monétaire très accomodante se justifie à la lumière des risques à la hausse pesant sur la stabilité des prix que nous avons identifiés. Notre décision contribuera à garder les anticipations en matière d'inflation dans la zone euro fermement ancrées, conformément à notre objectif de maintenir le taux d'inflation juste en-dessous de 2% sur le moyen terme. Un tel ancrage est un pré-requis pour que la politique monétaire puisse contribuer à la croissance dans la zone euro."

En matière d'inflation, "les risques sur les perspectives à moyen terme des prix restent orientés à la hausse". Eviter les effets inflationnistes de second tour est d'une "importance primordiale", a-t-il poursuivi. "Nous continuerons de surveiller très attentivement tous les développements liés aux risques haussiers sur la stabilité des prix."

Sur le Portugal, "nous avons encouragé les autorités portugaises à solliciter une aide, ceci était impératif après ce qui s'est passé au Portugal (...) Il y a un certain nombre de pays qui doivent corriger leur situation, en particulier du point de vue budgétaire. Mais il n'y a pas que l'aspect budgétaire, cela concerne les politiques économiques dans leur ensemble. Il y a des plans prévus dans certains pays qui, de notre point de vue, doivent être mis à exécution (...) Il est essentiel que tous les Etats atteignent les objectifs de consolidation pour 2011 qu'ils ont annoncés. En outre, l'annonce de mesures de consolidation détaillées pour 2012 et au-delà aiderait à convaincre le public et les intervenants des marchés que des politiques correctrices resteront en place."

Sur le plan conjoncturel , "les dernières données économiques confirment que la tendance sous-jacente de l'activité économique continue de rester très positive avec un degré d'incertitude qui reste élevé, a-t-il précisé. Et "le rythme sous-jacent de l'expansion monétaire est progressivement en train de s'accélérer mais il reste modéré."

Enfin, il a jugé qu'il est important que les banques "continuent d'augmenter la fourniture de crédits à destination du secteur privé".

Retrouvez l'analyse d'Isabelle Croizard sur la BCE dans La Tribune de ce vendredi et dans ses éditions numériques (iPhone, iPad, ...) dès ce jeudi soir, à partir de 21h30.