Gbagbo, prisonnier de Ouattara

Par latribune.fr  |   |  770  mots
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Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a été arrêté lundi mais les sources divergent quant à savoir qui des forces françaises ou des troupes de Ouattara l'a arrêté. Les frappes avaient redoublé d'intensité ces dernières 24 heures.

Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a été arrêté lundi par les forces spéciales françaises et a été remis à des chefs de la rébellion, a déclaré à Reuters son représentant pour l'Europe, Toussaint Alain. "Le président Gbagbo a été arrêté par les forces spéciales françaises et remis à des chefs de la rébellion", a-t-il dit de Paris alors que des chars français venaient de pénétrer dans la résidence du président ivoirien sortant.

Sur les images suivantes diffusées par TCI , la télévision favorable à Alessane Ouattara, on y voit l'arrestation de Laurent Gbagbo

Armée française ou troupes Ouattara?

Selon une source diplomatique française, ce sont en réalité les troupes de Ouattara qui ont arrêté Gbagbo, avec le soutien de l'Onuci et de l'armée française.

Les versions divergent donc sur le rôle précis joué par les forces françaises dans l'opération. Selon les Nations Unies, à New York, le président sortant s'est rendu aux forces du président élu et se trouve sous la garde des forces républicaines d'Alassane Ouattara. Pour le camp pro-Gbagbo, ce sont des forces spéciales françaises qui ont permis de mettre la main sur le président sortant.

"Ces chefs de la rébellion ont été convoyés sur place par les forces françaises qui ont pénétré dans la résidence avec des chars", a expliqué Toussaint Alain. "Le président était dans son bureau.

Un porte-parole d'Alessane Ouattara, le président sorti vainqueur des urnes et soutenu par la communauté internationale, a indiqué que Gbagbo et son épouse, également arrêtée, ont été emmené à l'Hôtel du Golf à Abidjan, où réside Ouattara.

Réactions

Gbagbo "aux arrêts", "le cauchemar est terminé"' a déclaré Guillaume Soro, le Premier ministre du gouvernement Ouattara. Ce dernier s'est adressé aux fidèles de Laurent Gbagbo en leur demandant de se rallier à Ouattara.

Claude Guéant, le ministre français de l'Intérieur, considère que la Côte d'Ivoire va "connaître la paix et un regain d'essort économique".

Pour les sénateurs socialistes, l'arrestation de Gbagbo est également une bonne nouvelle. "Dès à présent, se pose avec acuité la question de l'engagement de la France en Côte d'Ivoire" a souligné Jean-Louis Carrère, le vice-président de la commission des Affaires étrangères du Sénat s'interrogeant sur le fait de savoir si la France doit rester là-bas ou pas et si oui combien de temps.

Frappes aériennes et au sol de Ouattara, l'Onuci et Force Licorne

Dimanche en fin de journée et pendant près de huit heures, la mission de l'Onu en Côte d'Ivoire, l'Onuci, et la force française Licorne ont tiré des missiles vers le bâtiment abritant Gbagbo ainsi que vers le palais présidentiel. Pour le clan Gbagbo, ces frappes traduisent la volonté de la France d'assassiner le président sortant.

Paris explique être intervenue à la demande expresse de l'ONU. "Conformément à la résolution 1975 et en accord avec le président (Alassane) Ouattara, le secrétaire général des Nations unies (Ban Ki-moon) a demandé au président de la République (Nicolas Sarkozy) la poursuite de la participation des forces françaises aux opérations menées par l'Onuci pour neutraliser les armes lourdes utilisées contre la population civile", indique le communiqué. On y lit également que "le président de la République a donné son accord au secrétaire général. Il a encouragé l'ONU à tout mettre en oeuvre pour permettre la restauration rapide de la sécurité de la population et des services de base dans l'agglomération d' Abidjan ".

"La France réitère sa condamnation de toutes les violences commises contre la population civile et les casques bleus sur l'ensemble du territoire ivoirien. Elle soutient fermement l'intention du Président Ouattara de poursuivre devant les juridictions nationales et internationales tous les auteurs de telles exactions", indique également le communiqué.

Vendredi, Alassane Ouattara s'est adressé aux Ivoiriens et tenté de rétablir un semblant de normalité dans son pays. Il a notamment appelé ses partisans à s'abstenir de tout crime et ce alors que les organisations humanitaires dénoncent de multiples violations des droits de l'homme dans les deux camps.

Depuis le 28 novembre dernier et le refus de Gbagbo d'accepter sa défaite à l'élection présidentielle, la Côte d'Ivoire vit au rythme des affrontements entre les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara.