Pour éviter l'enlisement en Libye, les alliés se réunissent ce mercredi

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  646  mots
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Alors que Paris et Londres critiquent l'Otan, une réunion du groupe de contact sur la Libye où l'enlisement menace est prévue ce mercredi au Qatar. De leur côté, les rebelles libyens réclament des armes.

Les ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact" sur la Libye se réunissent ce mercredi au Qatar au moment où l'enlisement de la situation provoque des tiraillements parmi les alliés.

A la veille de cette réunion, la France et la Grande-Bretagne, qui furent à l'avant-garde de l'intervention militaire dans le ciel libyen, ont pressé mardi l'Otan d'intensifier ses raids pour détruire les armes lourdes des forces de Mouammar Kadhafi.

Au Luxembourg, où il participait à une réunion des ministres européens, Alain Juppé, le chef de la diplomatie française, a estimé mardi que l'Otan, qui a pris le relais des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France le 31 mars, ne jouait pas suffisamment son rôle.

"L'Otan a absolument voulu conduire cette opération sur le plan militaire. Et bien voilà, on y est maintenant (...) Il n'est pas acceptable que Misrata puisse continuer à être sous le feu du bombardement des troupes de Kadhafi", a-t-il dit.

Son homologue britannique, William Hague, a également demandé que l'Alliance intensifie ses efforts. "Nous devons maintenir et intensifier nos efforts au sein de l'Otan", a dit le secrétaire au Foreign Office.

Car plus de trois semaines après les premières frappes aériennes contre les forces régulières libyennes, le régime de Mouammar Kadhafi est toujours en place et les insurgés, dont des représentants feront le déplacement au Qatar, ne semblent pas en mesure de le renverser par la force.

Avec l'échec de la médiation tentée par l'Union africaine, les perspectives d'un compromis se sont parallèlement éloignées.


"Une nouvelle Somalie " ?

Constitué lors de la conférence de Londres, le 29 mars, le "groupe de contact" sur la Libye doit piloter l'aspect politique de l'intervention alliée. Des représentants du Conseil national de transition (CNT), mis en place par les rebelles dans leur fief de Benghazi (Est), seront entendus par les ministres réunis à Doha.

Ils devraient également s'entretenir avec Moussa Koussa, ancien ministre libyen des Affaires étrangères qui a fait défection et s'est réfugié à Londres le mois dernier, a annoncé le gouvernement britannique. Koussa a dit craindre que son pays ne devienne "une nouvelle Somalie".

La rencontre de Doha intervient alors que l'enlisement menace et que la crise humanitaire va s'accentuant à Misrata, dernière grande ville tenue par les rebelles dans l'Ouest libyen et qu'assiègent depuis des semaines les troupes de Mouammar Kadhafi.

Au moins 250 personnes auraient péri depuis six semaines dans cette ville située à 220 km à l'est de Tripoli.

"Quand on tire au canon sur Misrata, c'est qu'il y a bien des canons, qui doivent être identifiables et neutralisés (...) Il faut là-dessus être plus efficace", a insisté Alain Juppé.

L'Otan, qui a intensifié ses attaques aériennes durant le week-end autour de Misrata et d'Ajdabiah, détruisant plusieurs chars des forces kadhafistes, rejette les critiques des Français et des Britanniques.

Dans un communiqué, elle souligne qu'elle "mène avec vigueur ses opérations militaires en Libye dans le cadre du mandat qui lui a été attribué" et que "le rythme des opérations est déterminé par la nécessité de protéger la population civile".

Tard mardi soir, l'Alliance a annoncé que son aviation avait détruit cinq blindés dans le secteur de Misrata. "Notre aviation continue de frapper des cibles du régime autour de Misrata", précise le général canadien Charles Bouchard, commandant des opérations de l'Otan.

Les rebelles ont annoncé eux avoir réclamé des armes aux pays qui ont reconnu leur Conseil national de transition comme unique représentant du pays, soit la France, le Qatar et l'Italie.

"Nous avons présenté une liste d'équipements militaires et techniques dont nous avons besoin", a déclaré Abdel Hafiz Ghoga, porte-parole officiel du CNT à Benghazi.