Berlin relève sa prévision de croissance pour 2011

Par Romaric Godin, à Francfort  |   |  551  mots
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Le gouvernement allemand table sur un soutien prononcé de la demande intérieure, notamment de la consommation, alimentée par la hausse des revenus et la baisse du chômage. La hausse du PIB allemand pourrait ainsi atteindre non pas 2,3% mais 2,6%.

Une semaine après le relèvement des prévisions de croissance des grands instituts économiques allemands, c'est au tour du gouvernement fédéral de se montrer plus optimiste. Ce jeudi, le ministre de l'Economie Rainer Brüderle a ainsi affirmé que Berlin s'attendait à une progression de 2,6 % cette année du PIB de la République fédérale. Jusqu'ici, la prévision officielle de croissance fixée à l'automne dernier était de 2,3 %.

"La dynamique économique repose sur des fondements très larges", s'est réjoui le ministre qui estime que l'économie allemande peut "surmonter les effets de la crise japonaise". Le Japon est le quatorzième partenaire commercial de l'Allemagne et, en octobre 2010, le montant des exportations allemandes vers l'Empire du Soleil Levant s'élevait à un peu moins de 11 milliards d'euros, soit 1,4 % du total.

La contribution de la demande intérieure atteindra 80% en 2011 !

L'Allemagne continue en réalité à profiter de la croissance des pays émergents, Chine en tête, mais aussi, et les instituts économiques l'avaient déjà souligné voici une semaine, de la reprise de sa demande intérieure. La contribution de cette dernière à la croissance devrait passer à 80 % en 2011 contre 56 % en 2010. L'investissement va demeurer très dynamique et, surtout, la consommation devient un pilier de la croissance. "L'augmentation des dépenses des ménages sera cette année nettement au-dessus de la moyenne des dix dernières années", a promis Rainer Brüderle.

Le revenu disponible des ménages augmentera de 3,3% cette année et l'an prochain

Deux raisons principales à cela : l'emploi et les revenus. Selon le gouvernement allemand, le revenu disponible des ménages devrait progresser de 3,3 % en 2011 et 2012, du jamais vu au cours de la décennie précédente. Les revalorisations salariales devraient participer au mouvement, mais c'est surtout la baisse du chômage qui alimente cette hausse des revenus et, partant, ce retour du désir de consommer. En 2011, le nombre de chômeurs devrait se stabiliser durablement sous les 3 millions à 2,9 millions en moyenne (contre 3,21 millions actuellement), puis à 2,7 millions en 2012.

Rien d'étonnant alors à ce que la "faiblesse traditionnelle" de l'Allemagne, autrement dit, la consommation soit aujourd'hui, selon Rainer Brüderle, "surmontée". De retour sur ses deux jambes, l'économie allemande semble donc plus solide que jamais. Le ministre estime pouvoir ainsi qualifier la croissance allemande de "stable", adjectif qui fait l'objet d'une vénération sans borne outre-Rhin.

Pour 2012, Berlin reste prudent avec une croissance estimée à 1,8%

L'Allemagne est donc le meilleur élève de la classe européenne puisque la zone euro ne devrait guère connaître mieux que 1,6 % de croissance cette année. Pour autant, le gouvernement n'est pas euphorique dans ses prévisions. D'abord, il établit une prévision inférieure à celle des instituts qui tablent sur une croissance de 2,8 % et de certains économistes comme celui de Commerzbank qui parient même sur 3 %. Ensuite, l'atterrissage, malgré la "stabilité" sera réel en 2012, puisque Berlin ne prédit alors qu'une croissance de 1,8 %.

Enfin, Rainer Brüderle a rappelé les risques qui menacent la croissance allemande : le manque de main d'?uvre qualifiée, la crise de l'euro et, évidemment, l'inflation, qui devrait atteindre 2,4% en 2011 sous la pression du prix des matières premières. Mais Rainer Brüderle ne voit pas de "menace inflationniste aiguë" sur l'Allemagne.