Ben Bernanke : "Un dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis"

Par latribune.fr  |   |  625  mots
Copyright Reuters (Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
Au cours de sa première conférence de presse, le président de la Réserve fédérale a expliqué que le ralentissement de la croissance ne devrait être que temporaire, tout comme la hausse des prix.

"Ces derniers années, la Réserve fédérale a cherché être plus transparente vis-à-vis du public et des marchés pour les aider à comprendre notre action. Tenir une conférence de presse est une étape supplémentaire". A Washington, Ben Bernanke, le président de la Fed, a répondu ce mercredi soir aux questions de la presse. Une première dans l'histoire de l'institution presque centenaire.

Cette intervention a duré environ une heure, plus que les 45 minutes initialement prévues. Elle n'a cependant eu qu'un impact limité à Wall Street, où les gains de la journée se sont modérément renforcés. En revanche, le dollar est nettement reparti à la baisse au cours de la conférence de presse, touchant même un nouveau plus bas de trois ans face aux six principales devises.

Le président de la Réserve fédérale a pourtant plaidé pour un dollar "fort et stable". "C'est dans l'intérêt des Etats-Unis et de l'économie mondiale", a-t-il expliqué. Pour soutenir la monnaie américaine, il faut créer les conditions nécessaires à la mise en place de "fondamentaux", a-t-il poursuivi. Cela passe par le maintien de l'inflation à un niveau faible et par une croissance économique forte.

"La reprise reste lente", a concédé Ben Bernanke, qui a présenté en préambule les nouvelles prévisions de la Réserve fédérale pour l'économie américaine. La banque centrale ne table plus que sur une croissance comprise entre 3,1% et 3,3% cette année, contre une précédente fourchette allant de 3,4% à 3,9%. "Le premier trimestre a été faible mais en raison de facteurs transitoires comme la baisse des dépenses de la Défense, la balance commerciale ou la météo", a-t-il expliqué.

Sur l'inflation, la Fed a nettement revu à la hausse ses prévisions, misant désormais sur un bond allant de 2,1% à 2,8% des prix cette année. Elle n'attendait précédemment qu'une inflation limitée à 1,3%-1,7%. Mais pour Ben Bernanke, cette hausse de l'indice des prix à la consommation est "transitoire": elle devrait "se calmer quand les cours du pétrole se stabiliseront". "Les perspectives d'inflation à long-terme restent stables", a-t-il répété à plusieurs reprises.

Alors que bon nombre d'Américains s'inquiètent de voir les prix à la pompe grimper irrémédiablement, "la Fed ne peut pas faire grande chose pour lutter contre cette hausse", a admis son président, citant des facteurs extérieurs comme la hausse de la demande dans les pays émergents et l'impact sur l'offre des tensions en Libye et au Moyen-Orient.

Interrogé à plusieurs reprises sur QE2, la deuxième phase du programme d'assouplissement quantitatif mise en place par la Fed et qui se terminera fin juin, Ben Bernanke a estimé que cet arrêt programmé "n'aura pas d'impact important sur les marchés et sur l'économie". "Nous pensons que QE2 a été efficace compte tenu de nos objectifs, a-t-il également indiqué. C'était une étape importante mais elle n'allait pas résoudre tous les problèmes du pays". Il a par ailleurs indiqué que la Fed n'avait pas encore de calendrier pour relever ses taux.

Parmi ces problèmes, Ben Bernanke a cité la dette fédérale, un peu plus d'une semaine après l'avertissement lancé par l'agence de notation Standard & Poor's. Si aucun effort n'est réalisé, "le déficit budgétaire ne sera pas soutenable à long terme", a-t-il reconnu, saluant la volonté des démocrates et des républicains de se saisir du dossier. Mais "c'est un problème à long terme qui réclame des solutions à long terme", estime le président de la Fed, appelant implicitement le Congrès à ne pas prendre des mesures trop extrêmes.