FMI : quelles sont les chances de Christine Lagarde ?

Par latribune.fr  |   |  700  mots
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Soucieux de conserver la direction du FMI après le départ de DSK, de plus en plus d'Européens commencent à évoquer ouvertement une candidature de l'actuelle ministre française de l'Economie et des Finances. Mais Christine Lagarde n'est pas la seule prétendante. Et les pays émergents n'ont pas complètement renoncé à placer l'un des leurs à la tête du FMI.

La démission ce jeudi matin de DSK de la direction du FMI ouvre officiellement sa succession. Et le nom de Christine Lagarde continue à circuler. En France bien sûr. "Ce serait une très, très bonne candidate" souligne par exemple le secrétaire d'Etat français aux Transports, Thierry Mariani. Mais aussi ailleurs en Europe. "Madame Lagarde est l'un des candidats évidents", estime, pour ne citer que lui, le ministre suédois des Finances, Anders Borg qui loue "l'influence et l'expérience" de son homologue française.

Mais le FMI peut-il risquer que le futur occupant du poste ait à son tour des démêlés judiciaires ? Car Christine Lagarde pourrait être prochainement inquiétée dans le cadre d'une enquête lié à l'ex-homme d'affaires Bernard Tapie. Le Canard enchaîné a d'ailleurs alimenté la polémique cette semaine en affirmant qu'elle avait ignoré plusieurs fois dans ce dossier l'avis des conseillers de son ministère.

La ministre de l'Economie reste délibèrement en retrait

Jusqu'ici, la principale intéressée refuse de dire si elle est tentée par le poste. "Toute candidature, quelle qu'elle soit, devra émaner des Européens, qui se rassemblent, tous ensemble", s'est-elle encore contentée de dire jeudi.

Du coup, de nouveaux noms ont commencé à circuler. Le gouverneur de la banque centrale néerlandaise, Nout Wellink, voit par exemple "un candidat fantastique" dans un autre Français: le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, qui achève son mandat fin octobre. Et le ministre belge des Finances Didier Reynders a, lui, dressé un portrait du candidat idéal qui lui ressemble furieusement.

"Il y aura un socle d'entente franco-allemand", assure Laurent Wauquiez

Dans tous les cas, les Européens entendent conserver la direction du FMI qui leur fournit un appui précieux en ce moment en Grèce, en Irlande ou au Portugal. Le ministre français des Affaires européennes Laurent Wauquiez l'a claironné à l'issue d'une rencontre avec son homologue allemand Werner Hoyer : "qui aujourd'hui est le premier contributeur du Fonds monétaire international ? C'est l'Europe. Il est donc parfaitement normal que l'Europe puisse garder la direction du FMI. Et où est-ce qu'en ce moment le FMI a un travail énorme? En Europe. Il est donc parfaitement logique que ce soit un Européen qui soit à la tête."

Laurent Wauquiez assure par ailleurs que Paris et Berlin pèseront de tout leur poids pour ne pas laisser le poste échapper à l'Europe : "il y aura un socle d'entente franco-allemand pour essayer de promouvoir une candidature européenne, qui est naturelle" insiste le ministre des Affaires Européennes.

Angela Merkel aurait renoncé à chercher à imposer un candidat germanique

Reste à savoir si Christine Lagarde sera le candidat conjoint des deux pays ? Interrogé sur le sujet, Laurent Wauquiez s'en est sorti par une pirouette : "on a le soutien des Allemands sur une candidature européenne et les Allemands ont le soutien de la France sur une candidature européenne". Et à la même question Werner Hoyer a répondu qu'"au cas où il y aurait un candidat ou une candidate français/e, sa nationalité ne jouerait aucun rôle". Mais la presse allemande laisse ce jedui clairement entendre que la chancelière Angela Merkel aurait renoncé à tenter d'imposer un candidat germanique.

Lagarde aurait le soutien de certains ministres asiatiques

Depuis 1946, le FMI a toujours été dirigé par un Européen, les Américains obtenant en échange la Banque mondiale. Mais cet arrangement fait l'objet de critiques récurrentes au sein des pays émergents. "Le temps est fini où ce poste important était réservé à un citoyen européen", a par exemple prévenu le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega. "Les nouveaux marchés émergents et les pays en développement doivent être représentés à la direction du FMI" a renchéri la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Jiang Yu.

L'Asie ne semble toutefois pas assez unie pour pousser un de ses représentants. Lors d'une récente réunion de la Banque asiatique de développement à Hanoï, plusieurs ministres se seraient même dits, selon l'un des participants, favorables à... Christine Lagarde.