Berlin décide de sortir du nucléaire

Par latribune.fr  |   |  697  mots
Ce week-end l'association Greenpeace s'est fait remarqué en "habillant" la porte de Brandebourg à Berlin. Sur la banderolle, on peut lire : "Energie nucléaire : chaque jour de plus est un jour de trop". Copyright Reuters
L'Allemagne fermera toutes ses centrales nucléaires d'ici 2022. Les trois partis de la coalition gouvernementale l'ont annoncé à l'issue d'une réunion qui s'est achevée tard dans la nuit.

La CDU d'Angela Merkel, son traditionnel allié bavarois, la CSU et les libéraux du FDP ont pris acte de la sensibilité grandissante des Allemands sur le sujet. Le parc nucléaire allemand va être progressivement démantelé et, d'ici 2022, plus aucune centrale ne produira d'électricité. Après une longue réunion ouverte à des représentants de l'opposition, les trois partis de la coalition gouvernementale ont ainsi décidé de rétablir la sortie programmée du nucléaire qui avait été décidée par le gouvernement Schröder. 

Cette décision, prise à la suite de l'accident de Fukushima en mars au Japon, marque un revirement complet de la part du gouvernement d'Angela Merkel, qui avait décidé à la fin de l'année dernière de prolonger la durée de vie des plus anciennes centrales du pays malgré l'hostilité d'une grande partie de la population à l'énergie nucléaire.

Berlin a également décidé la fermeture définitive des huit plus vieux réacteurs d'Allemagne. avaient été provisoirement mis à l'arrêt après l'accident à Fukushima. Le huitième était arrêté depuis plus longtemps. Six autres réacteurs vont cesser de fonctionner d'ici 2021, a annoncé le ministre de l'Environnement, Norbert Röttgen, à l'issue de ces discussions à la chancellerie entre dirigeants conservateurs et libéraux. Les trois derniers réacteurs, les plus récents, resteront en état de marche une année de plus au maximum, soit jusqu'en 2022, afin d'éviter toute pénurie d'électricité durant la période de transition, a-t-il ajouté.

"C'est définitif: la date limite pour les trois derniers réacteurs nucléaires a été fixée à 2022", a assuré Norbert Röttgen avant de s'engager formellement : "Il n'y aura pas de clause de réexamen." Certains responsables souhaitaient inclure une clause permettant de réexaminer la question à l'avenir. Le FDP était défavorable à la définition d'une date fixe.

Un consensus large

La coalition gouvernementale a décidé de maintenir l'un des huit plus vieux réacteurs en état de veille jusqu'en 2013 au cas où les énergies renouvelables ne permettent pas d'ici là de répondre à la demande en hiver et que les combustibles fossiles ne permettent pas de combler cet éventuel déficit. Des responsables de l'opposition, sociaux-démocrates et Verts, ont participé à cette réunion afin de dégager le consensus le plus large.

La décision prise dimanche soir doit être validée par le parlement. Elle risque d'être vivement contestée par les compagnies RWE, E.ON, Vattenfall et EnBW, qui exploitent les 17 centrales d'Allemagne, notamment en raison du maintien envisagé d'une taxe sur le combustible nucléaire. Cette taxe, qui devait rapporter 2,3 milliards d'euros par an dès cette année, n'a pas encore été prélevée. Avec l'arrêt immédiat de huit centrales, elle devrait rapporter moins que prévu.

De source politique, on déclare que le gouvernement pourrait renoncer à cette taxe si les quatre exploitants acceptent cette sortie prématurée du nucléaire et renoncent à toute poursuite contre l'Etat en raison de ce revirement inattendu. Avant la fermeture provisoire des centrales les plus anciennes en mars, le nucléaire fournissait à l'Allemagne 23% de son électricité.

Abaisser la consommation d'électricité de 10%

Pour sortir aussi vite du nucléaire, l'Allemagne compte s'appuyer sur une double stratégie : baisse de la consommation d'électricité et montée en puissance plus rapide des énergies renouvelables. Un document officiel cité par l'agence Reuters quantifie ces nouveaux objectifs. "Nous allons abaisser la consommation d'électricité de 10% d'ici à 2020 par le biais de nouvelles mesures destinées à améliorer l'efficacité énergétique, telles que les ambitieuses normes européennes sur les appareils électriques", peut-on lire dans ce document.

Ce texte mentionne également des mesures d'aide aux secteurs industriels les plus gourmands en énergie et des projets de modernisation d'immeubles afin de réduire leur consommation.
Berlin confirme par ailleurs son objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici 2020. A cet effet, la part des énergies renouvelables dans la consommation d'électricité sera doublée sur la même période, pour atteindre 35% et non plus 30% comme il était prévu jusqu'alors.