Les Italiens rejettent Berlusconi et le nucléaire

Par Robert Lavéran, à Rome  |   |  337  mots
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Vingt-quatre ans après un premier référendum à l'issue duquel ils avaient, au lendemain de Tchernobyl, voté pour l'abandon du nucléaire, les électeurs Italiens ont très largement rejeté lundi le projet de construction de nouvelles centrales atomiques. Silvio Berlusconi va devoir également faire face à ses juges.

Silvio Berlusconi a perdu son pari. Les électeurs Italiens n'ont pas seulement jeté lundi leur président du Conseil en pâture à la justice, ils ont aussi massivement rejeté le projet de construction de nouvelles centrales nucléaires que défendait leur président du conseil. A près de 95%, ils se sont opposés à sa proposition d'implanter au moins quatre réacteurs dans la péninsule d'ici à 2020, conformément à un accord signé avec la France, en février 2009, qui prévoyait, en parallèle, un partenariat entre l'Italien Enel et Edf.

"Nous devons nous réveiller de ce sommeil où nous sommes plongés depuis des décennies", avait à l'époque indiqué le président du Conseil. C'était sans compter l'opinion publique italienne. Le nouveau référendum contre le retour du nucléaire avait été présenté avant la catastrophe de Fukushima. Mais l'émotion suscitée par la tragédie japonaise a sans aucun doute pesé dans la mobilisation des électeurs transalpins.

L'invitation de Silvio Berlusconi à déserter les urnes n'a pas été suivie. "J'espère que les gens n'iront pas voter", avait pourtant également souhaité son allié de la Ligue du Nord Umberto Bossi à la veille du vote espérant que le taux de participation soit inférieur à 50%, seuil au dessous duquel le référendum n'aurait pas été validé. Au bout du compte, avec une affluence de 57% le quorum a été nettement dépassé.

"Nous devrons dire adieu au nucléaire et nous engager dans les énergies renouvelables" a, fataliste, commenté hier le président du Conseil qui a également subi un revers sur les deux autres questions soumises à référendum. Le projet de privatisation des services hydriques a été rejeté par 95% des votants ainsi qu'une loi dite "d'empêchement légitime", permettant à Silvio Berlusconi de ne pas se présenter devant ses juges. Pour le chef du gouvernement, il s'agit d'un nouvelle claque politique après la récente débâcle aux élections municipales de Naples et Milan.