Pour Christian Noyer, "la crise de la dette souveraine n'est pas une crise de l'euro"

Par latribune.fr  |   |  504  mots
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Le gouverneur de la Banque de France a présenté ce mardi son rapport annuel. Christian Noyer y insiste sur la nécessité pour la France de ne pas "céder aux sirènes protectionnistes". La poursuite des échanges internationaux est, à ses yeux, essentielle à la poursuite de notre dynamisme économique.

Crise de la dette souveraine, consolidation des finances publiques, renforcement de la compétitivité et politique monétaire. Ce sont les quatre thèmes sur lesquels Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France s'est attardé mardi 14 juin 2011, à l'occasion de la remise de son rapport annuel 2010.

Christian Noyer a d'abord longuement commenté la crise de la dette souveraine. Pour lui, celle-ci "n'est pas une crise de l'euro". Dans sa lettre introductive au rapport, le gouverneur précise que "c'est une crise budgétaire, avec des implications fortes pour la stabilité financière de l'Europe et du monde". Christian Noyer se veut néanmoins rassurant dans les capacités des pays de la zone euro à résoudre cette crise, si seulement les décisions prises en la matière sont appliquées à la lettre.

Elles reposent notamment sur la refonte du Pacte de stabilité et de croissance, sur la création du Fonds européen de stabilité financière en mai 2010, puis d'un dispositif plus pérenne à partir de 2013, ainsi que sur l'intégration d'un suivi de la compétitivité et des coûts unitaires de production au nouveau cadre de gouvernance économique de l'UE.

Concernant le sujet de la restructuration de la dette, Christian Noyer a été on ne peut plus clair : "De telles opérations [réduction ou rééchelonnement des dettes] n'apportent en elles-mêmes aucun financement nouveau. Elles entraînent toujours, au moins dans un premier temps, une réduction supplémentaire de la confiance et de moindres apports de capitaux, ce qui augmente l'effort nécessaire".

Le gouverneur a par ailleurs insisté sur la nécessité pour la France de ne pas "céder aux sirènes protectionnistes". Pour lui, la poursuite des échanges internationaux est essentielle à la poursuite de notre dynamisme économique. Il est cependant resté lucide sur les freins à la compétitivité : une part de marché de la France à l'exportation en baisse, des évolutions salariales en berne, une hausse continue des prix du logement...

En ce qui concerne la politique monétaire et la reprise de l'inflation, le gouverneur se veut confiant, rappelant les dernières projections de l'Eurosystème sur une moindre hausse des prix en 2012. "Il apparaît nécessaire de marquer très clairement notre détermination à empêcher les effets d'entraînement sur le niveau général des prix des tensions qui se manifestent sur l'énergie et les matières premières et à maintenir l'ancrage des anticipations d'inflation enligne avec la stabilité des prix".

Toujours optimiste, Christian Noyer, a enfin rappelé les atouts de la France pour mener à bien ces différents défis : sa démographie, son indépendance énergétique, la résistance de son système financier, sa présence sur le marché des technologies avancées.

Mais il n'en reste pas moins prudent dans ses conclusions : "Les perspectives sont donc favorables et les motifs d'optimisme nombreux, pourvu, toutefois, que soient traitées, tant au plan national qu'au niveau européen, les faiblesses structurelles qui hypothèquent encore l'avenir ".