Paris et Berlin affichent leur rapprochement

Par Romaric Godin  |   |  519  mots
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Nicolas Sarkozy a parlé d'une "percée" dans le règlement de la crise grecque après ses discussions avec Angela Merkel. Le principe d'une participation volontaire du secteur privé au plan d'aide à Athènes semble accepté par Berlin.

"Une percée". Nicolas Sarkozy ce vendredi à Berlin s'est voulu très optimiste après sa rencontre avec Angela Merkel. Les dirigeants des deux principales économies de la zone euro ont voulu faire preuve d'unité. "La France avance main dans la main avec l'Allemagne", a déclaré le président français. Et la chancelière a repris son habituelle antienne, chantée sur tous les tons à tous les sommets franco-allemands depuis des mois : "nous ferons tout pour maintenir et soutenir l'euro".

Concrètement, il semble que ce sommet ait permis en effet un rapprochement des positions française et allemande sur la question fondamentale de la participation des investisseurs privés au futur plan d'aide à la Grèce. Jusqu'ici, Berlin s'opposait à Paris et à la BCE en voulait mettre en place un échange obligatoire de bons grecs à échéance contre des bons d'une maturité de sept ans. Cette idée, défendue par Wolfgang Schäuble, le ministre fédéral des Finances, visait à donner à Athènes du temps tout en contentant les députés de la majorité au Bundestag qui réclament que les investisseurs paient leur écot à la crise grecque.

En face, Francfort et Paris s'opposaient à cette procédure, craignant qu'elle n'entrainât un défaut de fait de la Grèce et, par suite, une contagion de la panique au reste de la zone euro. Nicolas Sarkozy semble avoir accepté ce vendredi le principe d'une participation du secteur privé, condition sine qua non de la participation de Berlin au futur plan de soutien. Mais Angela Merkel a accepté que cette participation soit "volontaire". Autre concession de Berlin : cette participation devra être préparée avec la BCE. La chancelière a également reconnu que "l'initiative de Vienne", système par lequel les créanciers acceptent de conserver leurs créances, constituait une "bonne solution".

Telle est donc la "percée" décrite par Nicolas Sarkozy. Elle consiste principalement en un retour d'Angela Merkel sur ses positions précédentes. Car voici deux semaines que son ministre des Finances affirme que l'initiative de Vienne n'est pas suffisante. Cette percée apparaît néanmoins fragile. Elle n'est d'abord que de principe, les détails devront être définis plus tard. Or, avec Angela Merkel, tout est possible : prompte à afficher l'unité avec Nicolas Sarkozy, elle est aussi rapide à fustiger les pays du sud et à durcir le ton devant ses députés. Le Bundestag se contentera-t-il de ce nouveau recul de la chancelière ? Rien n'est moins sûr, car la grogne monte au sein de la coalition. Or, la chancelière ne peut risquer sa majorité. Il faudra donc observer de près, durant la semaine qui vient et avant le sommet des 24 et 25 juin l'attitude de Berlin.

"Plus vite une solution sera trouvée et mieux ce sera", a conclu Angela Merkel. Sans doute, mais le mot est piquant lorsque l'on sait que depuis plus d'un an, elle a freiné, par son indécision et ses tactiques douteuses, la mise en place d'une stratégie d'action forte et rapide pour endiguer la crise de confiance.