Heurts à Athènes au premier jour du vote sur l'austérité

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  839  mots
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Manifestants et policiers se sont affrontés depuis les premières heures du jour dans les rues d'Athènes alors que les Grecs entament la deuxième partie d'une grève de 48h commencée mardi. Ils protestent contre le plan d'austérité qui doit être voté en début d'après-midi. La proposition lancée lundi par Nicolas Sarkozy de soutenir le pays en faisant appel aux banques privée est toujours en débat parmi les membres de la zone euro.

Dans le centre-ville d'Athènes, ce mercredi dès l'aube, des groupes de manifestants ont été repoussés par la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes. Les heurts avaient commencés dans la journée de mardi alors que commençait la grève générale de deux jours à laquelle ont appelé les deux principaux syndicats du pays. Des milliers de personnes se sont réunies, principalement place Syntagma, en face du parlement, où campent depuis fin mai les "indignés" qui protestent contre les politiques de rigueur économique.

Les députés doivent commencer par voter, à 11h GMT, un plan d'austérité prévoyant des économies de 28,4 milliards d'euros et des privatisations censées rapporter 50 milliards d'euros d'ici 2015. Des manifestants auraient prévu d'encercler le bâtiment où aura lieu le vote. Le Pasok, parti socialiste au pouvoir, détient la majorité absolue de 155 sièges sur 300. Ses députés ont déclarés soutenir le programme proposé par le gouvernement de George Papandréou.

Ce plan, destiné à rassurer les membres de la zone euro et le Fonds monétaire international en assainissant la dette du pays, constitue un préalable au versement d'une nouvelle aide financière à la Grèce. Lundi, le Premier ministre Georges Papandréou a fait appel au "devoir patriotique" des députés pour leur demander de voter ce programme de sévérité économique s'étalant sur trois ans de 2012 à 2015.

"Pas de plan B" pour le commissaire européen aux Affaires économiques

La proposition française, avancée lundi par Nicolas Sarkozy et consistant à demander aux banques privées de participer à l'effort, reçoit un soutien inégal de la part des partenaires européens de la France. Deux options seraient prévues : la première prévoit un réinvestissement de 70% du principal dans les bons du Trésor grec. Les nouveaux titres viendraient à échéance au bout de trente ans et seraient garantis par une structure spécialisée. La seconde consisterait, pour les banques participant à l'opération, à investir un minimum de 90% du montant reçu dans de nouvelles obligations émises par l'Etat grec avec une échéance de cinq ans et à un taux de 5,5%.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, s'est montré réticent, mardi, affirmant qu'il n'y avait pas de "plan B" et que l'adoption par le parlement grec du plan d'austérité est "le seul moyen d'éviter un défaut (de paiement) immédiat" de la Grèce.

Pour Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, les négociations avec le secteur privé sont "du ressort des gouvernements". Il a aussi ajouté que le plan de la BCE pour la Grèce n'a pas changé après les propositions émises par la France lundi et qu'elle ne prendrait position qu'après une décision commune officielle émanant des gouvernments de la zone euro.

Prudence en Allemagne

En Allemagne, où la prudence est de mise, la proposition française devrait être évoquée jeudi par les responsables des banques et les répresentants du gouvernement. Le ministre adjoint des Finances, Jörg Asmussen, considère le plan français comme "une bonne base de discussion", a-t-il déclaré mardi.

'Nous étudions le plan français avec un grand intérêt" a aussi affirmé l'Association des banques publiques allemandes dans un communiqué. Le patron du premier établissement bancaire commercial d'Outre-Rhin, la Deutsche Bank, a quant à lui, formulé une mise en garde contre toute impatience dans la prise de décision. "Les dirigeants politiques attendent une solution d'ici la fin de la semaine, mais il ne faudrait pas se précipiter", a ainsi déclaré Josef Ackermann à Reuters.

Amsterdam "intéressée"

Ailleurs, le ministre des finances néerlandais Jan Kees de Jager, s'est lui aussi déclaré "intéressé" mardi par l'initiative française de renouveler sur trente ans la moitié des engagements des créanciers privés en Grèce, pour laisser le temps au pays de redresser la situation. "Nous avons reçu la proposition de la part du ministre français des Finances et nous sommes en train de l'étudier. (...) C'est une proposition intéressante mais compliquée " a-t-il déclaré.

En Italie, l'administrateur délégué de la banque Intesa Sanpaolo, Corrado Passera a estimé qu'il y a "de l'espace pour une collaboration forte entre les institutions européennes, les banques et le gouvernement grec mais il reste évidemment du travail à faire avant de pouvoir aboutir à une solution définitive". Il s'exprimait après que l'Institut de la finance Internationale, organisme rassemblant des représentants de 400 banques dans le monde, se sont réunis à Rome pour discuter de la crise grecque.

En Grèce enfin, la presse est plutôt favorable à l'idée portée par la France. Le président français figure ainsi en Une du quotidien économique Naftemporiki. "Le Français a une solution pour la dette", annonce dans une manchette Te Nea, quotidien national favorable au gouvernement.