Jean-Claude Trichet se méfie de la taxe Tobin européenne

Par latribune.fr  |   |  504  mots
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Jean-Claude Trichet a exprimé ses craintes, ce jeudi, sur les effets d'une taxe sur les transactions financières en Europe. Au cours de son audition devant la Commission des affaires économiques et monétaires du parlement européen à Bruxelles, l'actuel patron de la BCE, qui sera remplacé en octobre par Mario Draghi, a affirmé ne pas vouloir s'engager pour une prolongation des aides à la Grèce.

Jean-Claude Trichet a été clair ce jeudi devant les parlementaires européens : une taxe sur les transactions financières en Europe serait risquée. Pour le président de la BCE, qui craint la concurrence des autres régions du monde, elle  "conduirait à perte massive d'activité pour l'Europe et représenterait donc un très sérieux retour en arrière à une période où nous devrions attirer le plus possible d'activité." Pour lui, cette taxe inspirée des travaux de l'économiste James Tobin et proposée mercredi par la Commission européenne pour financer son budget, ne vaudrait que si elle était imposée partout. "J'en appelerais à une grande prudence lorsqu'il s'agit d'introduire quoi que ce soit qui ne soit pas global", a justifié Jean-Claude Trichet.

La BCE ne participera pas au "roll over" pour la Grèce

Prudent aussi concernant la Grèce, le banquier européen a indiqué que son institution ne participerait pas à la prolongation des aides au pays fortement endetté, via la technique du "roll over". Concernant l'effort demandé aux banques privées et proposé par la France, Jean-Claude Trichet refuse de s'engager.  "La discussion de l'implication du privé est de la responsabilité des gouvernements", a-t-il ainsi affirmé. Le plan d'austérité voté mercredi par les députés, mercredi, est qualifié par le Français de "correction d'évolutions passées déraissonnables qui auraient dû être empêchées". Il attend ainsi que le pays opère des "ajustements" et encourage l'Union européenne à "améliorer sa gouvernance économique pour éviter les dérapages budgétaires à l'avenir".

Inflation à 2,7%

Outre les sujets d'actualité les plus récents en Europe, le patron de la BCE a aussi évoqué les indicateurs économiques de la zone euro. Les taux directeurs de la BCE, déjà relevés de 0,25 point de pourcentage en avril, devraient encore être augmentés la semaine prochaine. "Nous sommes très vigilants et nous nous tenons prêts à agir fermement et rapidement pour éviter que l'évolution des prix ne donne lieu à des pressions inflationnistes à moyen terme", a souligné Jean-Claude Trichet.

Alors que la hausse des taux de la BCE est déjà inscrite, Eurostat a annoncé ce jeudi que la hausse des prix à la consommation s'est stabilisée à 2,7% en juin dans la zone euro, comme en mai, selon une première estimation. En revanche, la masse monétaire M3, qui permet de mesurer les pressions inflationnistes à moyen terme en zone euro, a augmenté plus fortement que prévu en mai, de 2,4% sur un an contre 2% en avril, selon la BCE. Sur trois mois, de mars à mai, la masse monétaire M3 a augmenté de 2,2% sur un an contre une hausse moyenne de 2,1% lors des trois mois précédents (février-avril), selon la BCE.

La croissance du M3 est toutefois encore inférieure à la valeur de référence de la BCE de 4,5% pour sa croissance annuelle, que l'institution monétaire estime compatible avec son objectif de moyen terme d'une inflation proche mais inférieure à 2%.