Le Sénat américain parvient enfin à s'entendre sur un plan pour réduire la dette

Par Jérôme Marin à New York  |   |  634  mots
La Tribune Infographie/SSAULNIER
Un groupe bipartisan de sénateurs a trouvé un accord sur un plan ambitieux pour réduire la dette des Etats-Unis. Peut-être trop ambitieux pour convaincre la Chambre des représentants.

"Une marche très importante", selon les propos de Barack Obama, a été franchie ce mardi au Sénat américain, alors que le temps presse à Washington pour trouver un accord pour relever le plafond de la dette. Un groupe bipartisan de sénateurs, baptisé le "Gang des six", a finalement trouvé, après des semaines de discussions infructueuses, un compromis sur un plan combinant baisse des dépenses publiques, réforme des programmes sociaux et hausse des recettes fiscales.

Ce projet a été présenté ce mardi lors d'une réunion regroupant 70 des 100 sénateurs (47 démocrates et 23 républicains). Et il a obtenu un accueil très favorable des deux côtés de l'échiquier politique. "Ma première impression, c'est qu'il s'agit d'un plan très crédible", a expliqué à l'issue de cette réunion la sénatrice républicaine Kelly Ayotte. "Dans les prochaines 24 heures, nous allons assister à un soutien appuyé de la majorité du Sénat", prédit de son côté le républicain Tom Coburn.

La proposition du "Gang des six" permettrait de réduire de 3.700 milliards de dollars la progression attendue de la dette au cours des dix prochaines années. Un montant très proche du projet présenté il y a quelques jours par Barack Obama (4.000 milliards). 74% de ce montant proviendrait de coupes budgétaires, touchant notamment au système de retraite et à l'assurance santé des personnes âgées Medicare. Le reste (26%) serait dégagé par une hausse des impôts, en échange d'une profonde réforme de la fiscalité, réclamée par les républicains.

Si ce texte venait à être adopté par le Sénat, il resterait alors à convaincre la Chambre des représentants, à majorité républicaine. La partie n'est cependant pas gagnée d'avance. Car le poids du Tea Party, cette mouvance ultraconservatrice du parti républicain qui ne veut pas entendre parler de hausse d'impôts, y est plus important. En outre, les représentants démocrates sont moins modérés que leur confrères du Sénat et pourraient refuser des coupes dans les programmes sociaux et réclamer à la place un renforcement plus important de la fiscalité des ménages les plus riches.

Sans accord sur le relèvement du plafond de la dette avant le 2 août, échéance au-delà de laquelle l'État ne pourra plus s'endetter, le scénario catastrophe, tant redouté par les marchés, se réalisera. Le pays ferait alors défaut sur le remboursement de ses emprunts obligataires, perdrait sa note triple A et la confiance des investisseurs, et l'économie plongerait dans la récession alors même que la croissance demeure fragile et que l'emploi se dégrade à nouveau. Sans accord, 40 % des dépenses publiques ne seraient plus assurées, menaçant la capacité du Trésor à honorer ses engagements financiers.

Pour sortir d'une éventuelle impasse, le Congrès pourrait se rabattre sur la solution de secours proposée par le républicain Mitch McConnell. Ce projet permettrait au président de relever le plafond de la dette de 2.500 milliards de dollars, en passant outre l'opposition du Congrès. Il serait accompagné de 1.500 milliards de dollars de coupes budgétaires, discutées au sein d'un comité bipartisan. Accueillie favorablement par des responsables démocrates, cette proposition est rejetée par de nombreux républicains.

Le "plan B" du sénateur Mitch McConnell, vise à éviter un abaissement immédiat de la note des Etats-Unis, a estimé l'analyste de Moody's, Steeven Hess à Reuters dans une interview. "Mais les chiffres en discussion en termes d'une éventuelle réduction du déficit ressortant de ce plan ne semblent pas très importants", a-t-il prévenu. "De ce fait, ce plan pourrait se traduire par une perspective négative sur la note."