DECRYPTAGE Le vrai mode d'emploi du plan de sauvetage grec

Par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  529  mots
La Tribune Infographie
Les modalités de la deuxième aide à Athènes s'avèrent plus complexes que celles de la première. Petite explication à l'usage des contribuables et des citoyens d'un montage qui déroute plus d'un décideur.

Pour les uns, c'est un « rafistolage », plan « tardif » et « insuffisant », pour les autres une réponse « excellente », « profonde » et « puissante » : l'accord scellé jeudi à Bruxelles divise la classe politique. Mais son contenu reste à décrypter ? Petite explication à l'usage des contribuables et des citoyens d'un montage qui déroute plus d'un décideur.

La Grèce peut respirer

Alors qu'il ne lui restait mercredi soir qu'environ 50 milliards d'euros du premier plan d'aide, Georges Papandréou commence la semaine avec une ligne de crédit supplémentaire de 109 milliards de fonds publics, à des conditions beaucoup plus avantageuses que dans le passé, à quoi s'ajoute l'engagement des investisseurs privés. Sous réserve que le gouvernement qu'il dirige réussisse à tirer 28 milliards des privatisations dans les trois ans à venir, Athènes est donc à l'abri du besoin et peut se concentrer sur l'essentiel : rétablir sa compétitivité. Mais la Grèce est plus que jamais sous tutelle. Elle a même un nouveau majordome choisi par Bruxelles : Horst Reichenbach, vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

L'eurozone repasse à la caisse

Alors que la Grèce avait été financée jusqu'à présent par des prêts bilatéraux, d'État à État, c'est le Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui va cette fois-ci intervenir pour financer les tombées obligataires, poursuivre la recapitalisation du secteur bancaire, racheter de la dette grecque et fournir des garanties aux investisseurs privés qui voudront bien réinvestir. Le FMI est également mis à contribution pour un montant encore à définir mais qui devrait avoisiner 36 milliards d'euros, soit un tiers du plan. Avec le FESF, qui pourra lever jusqu'à 440 milliards d'euros, les Dix-Sept se donnent les moyens de se secourir les uns et les autres plus facilement : pour restructurer des banques ou contrer une attaque du marché.

Les banques et assurances vont bel et bien payer

Cette « contribution » est chiffrée à 50 milliards d'euros mais ce chiffre est un trompe-l'oeil : 12,6 milliards correspondent à des pertes probables qui interviendront au fur et à mesure que le FESF rachètera des titres sur le marché et 37 autres milliards aux réinvestissements que s'engagent à faire environ 90 % des créanciers privés du pays. Ces derniers devraient enregistrer une perte moyenne significative de 21 % sur la valeur faciale des titres. La menace d'une taxe bancaire n'a pas été pour rien dans cet « engagement volontaire », reconnaissait jeudi le président Sarkozy à l'issue du sommet.

La Banque centrale européenne indemne

Jean-Claude Trichet est sur le point de réussir sa sortie. Le président de la BCE a certes dû consentir un défaut technique et temporaire de la Grèce induit par la restructuration partielle de sa dette mais il a obtenu de se défaire auprès du FESF, autrement dit les États, du fardeau grec. Les Dix-Sept lui ont en effet donné la garantie qu'ils se porteraient garants de tous les titres grecs acceptés par la Banque aussi longtemps que durera le défaut. Surtout, le FESF se chargera à l'avenir de racheter les obligations d'État sur le marché secondaire, ce qui évitera à la BCE de mettre en jeu sa propre solvabilité pour soutenir l'euro.