Emeutes : Londres sous tension, Manchester gagnée par l'incendie

Par latribune.fr  |   |  746  mots
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Les émeutes se sont poursuivies en Grande-Bretagne après quatre jours de violences dans plusieurs villes d'Angleterre. A Londres, où 16.000 policiers ont été déployés mardi soir, la tension reste forte. Ailleurs, les troubles se sont propagés à Manchester. Le Premier ministre David Cameron a réitéré son message de fermeté.

Jamais autant de policiers n'auront été déployés dans les rues de la capitale britannique. Depuis mardi, 16.000 hommes tentent de calmer les émeutes qui font rage depuis quatre jours. Si aucun nouvel incident n'a eu lieu dans la nuit, Londres reste sous tension ce mercredi. Dans de nombreux quartiers de la ville, les magasins ont tiré leurs rideaux par peur des pillages et des incendies.

Dans le reste du pays, gagné depuis mardi par les violences, des heurts se sont produits à Manchester. La troisième ville du pays n'avaient pas connu de telles explosions depuis les années 1970. De nouveaux incidents ont aussi eu lieu à Liverpool et à Birmingham où trois personnes sont mortes, écrasées par une voiture. Il s'agirait d'habitants participants à un groupe d'auto-défense.

Un autre décès a eu lieu la veille à Croydon, dans le sud de Londres. L'homme retrouvé blessé par balles dans une voiture est décédé peu de temps après. En tout, la police compte une centaine de blessés dans ses rangs.

Cameron tente d'éteindre l'incendie

Pour tenter de mettre un terme à ces violences,  David Cameron a réaffirmé ce mercredi que "toutes les mesures seront prises" pour rétablir l'ordre. Le Premier ministre a évoqué l'autorisation de canons à eau par la police. Ce dispositif, qui n'a pour l'instant été utilisé qu'en Irlande du Nord serait disponible "au besoin sous vingt-quatre heures". "Nous devions riposter et la riposte est en cours", a-t-il déclaré.

Mardi, le premier ministre, rentré précipitamment de vacances, avait commencé par renforcer le nombre de policiers sur les lieux des émeutes. Les deux chambres du Parlement britannique doivent se réunir, jeudi, pour une session exceptionnelle au cours de laquelle le chef du gouvernement s'exprimera une nouvelle fois.

Plus de 1.000 personnes ont été interpellées, dont 770 à Londres, depuis samedi. La justice a procédé à une centaine de mises en examen. Parmi les personnes arrêtées figurent de nombreux mineurs et notamment un enfant de 11 ans. "Si vous êtes assez vieux pour commettre de tels crimes, vous êtes également assez vieux pour être punis", a prévenu David Cameron.

Et la punition devraient même être financière estiment de plus en plus d'anglais. Ils sont déjà plus de 75.000 à avoir signé une pétition en ligne demandant que ceux qui seront déclarés coupables d'actes criminels lors de ces émeutes voient leurs éventuelles allocations sociales supprimées. Au bout de 100.000 votes, l'idée pourrait être discutée à la Chambre des Communes.

Polémique sur les coupes budgétaires

La question des moyens alloués à la police fait polémique. Dans la matinée, le maire de Londres, Boris Johnson, a exprimé son désaccord vis-à-vis de la décision du gouvernement, avant les récents événements, de réduire le nombre de policiers dans le pays. La veille, lors d'une visite à Clapham Junction, il avait été invectivé par des Londoniens exasperés qui considéraient avoir été mal protégés.

Certains pointaient l'immobilisme des policiers alors que des magasins étaient attaqués. Scotland Yard a répondu en expliquant que la "décision d'intervenir appartient aux agents sur le terrains". Par crainte de voir la colère de la foule redoubler en cas d'arrestations immédiate, les policiers auraient préférés attendre avant d'agir.

Autre objet de controverse en Grande-Bretagne : la politique de rigueur engagée en 2010. Selon certains responsables politiques, la réduction des subventions pour de nombreuses associations peut être considérée comme un ferment de ces violences. "Si vous effectuez des coupes massives, il y a toujours une possibilité qu'une révolte de ce genre survienne", a ainsi critiqué Ken Livingston, l'ancien maire travailliste de Londres qui brigue un deuxième mandat pour 2012.

Ralentissement de la croissance

C'est dans ce contexte que la Banque d'Angleterre (BoE) a publié ce mercredi des prévisions de croissance moins bonnes que prévu. La hausse du PIB ne dépasserait pas les 1,4% à court terme soit 0,4 points de moins que l'estimation rendue publique en mai. En 2012, cette croissance grimperait à 2 ou 3% et n'atteindrait ce seuil qu'en 2013.  Le directeur de la banque centrale britannique évoque les effets de la crise de la dette en Europe et la dégradation de l'économie mondiale pour expliquer ce ralentissement.

Enfin, l'inflation devrait tourner autour des 5% dans les six prochains mois. Selon la Banque d'Angleterre, l'objectif de 2% d'inflation devrait être atteint à la fin de l'année prochaine .