Les pressions inflationnistes augmentent en Chine

Par Eric Chalmet  |   |  378  mots
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Les prix au détail ont bondi de 6,5% en juillet et la banque centrale chinoise n'envisage pas de baisser ces taux. En cas de rechute de l'économie mondiale, la marge de manœuvre de Pékin sera plus limitée qu'en 2008.

L'ennemi public numéro des autorités chinoises gagne en vigueur. Malgré les efforts multiformes de Pékin pour juguler l'inflation, les prix au détail ont bondi de 6,5% en rythme annuel en juillet après une hausse de 6,4% enregistrée en juin. Les analystes ont été surpris qui tablaient sur 6,3%. L'inflation se situe ainsi à son plus haut niveau depuis juin 2008, période marquée par des records du cours du brut.

L'objectif annuel de 4% abandonné

Le gouvernement central a déjà renoncé à son objectif d'une hausse des prix fixée à 4% pour 2011. Depuis un an et demi, il a imposé aux banques du pays de freiner l'expansion du crédit tandis que la banque centrale a resserré ses taux à plusieurs reprises. Ces initiatives commencent à porter leurs fruits : indice après indice, le ralentissement de la fulgurante chinoise se confirme, l'indice PMI des services calculé par la banque HSBC a été ramené à 53,5 en juillet contre 54,1 en juin.

Bond de 57% du prix du porc

Reste que le coût de la vie grimpe. Les prix à la production ont augmenté de 7,5% en juillet, là aussi la forte accélération annuelle depuis 2008, tandis que les prix alimentaires ont bondi de 14,8% et celui du porc de 57% ! Dans ce contexte, la plupart des économistes jugent que Pékin rechignera à employer l'arme monétaire pour faire face à la crise qui agite les places financières mondiales et dont les analystes craignent qu'elle fasse rechuter la croissance mondiale. "Les marges de man?uvre seront plus étroites qu'en 2008/2009", préviennent Vincent Chan et Peggy Chan, deux analystes du Credit Suisse Group, à Hong Kong.

La guerre n'est pas gagnée

Les économistes de Bank of America Merrill Lynch estiment pour leur part que Pékin privilégiera certainement une réponse fiscale et davantage de dépenses d'infrastructure pour continuer à stimuler l'activité économique. "L'inflation a, semble-t-il, atteint un sommet", ont écrit dans une note à leurs clients Xiangfang Ren et Alistair Thorton, du cabinet IHS Global Insight, ajoutant que "néanmoins, la guerre contre l'inflation n'est pas gagnée". La banque centrale chinoise a déjà tranché dans ce débat qui, le 1er août, a prévenu que compte tenu des pressions inflationnistes actuelles, il était trop tôt pour procéder à une baisse des taux.