Berlusconi est à la recherche de 20 milliards d'euros

Par Robert Lavéran, à Rome (mise à jour la tribune.fr)  |   |  561  mots
Giulio Tremonti, ministre italien de l'Economie et des Finances, doit préciser ce jeudi où il veut trouver les 20 milliards d'euros d'économies
Santé, retraites, impôt sur la fortune: Rome réfléchit à diverses options pour équilibrer son budget dès 2013, comme promis vendredi dernier. Certaines d'entre elles ont été rendues publiques par Giulio Tremonti, ministre de l'Economie et des Finances, qui s'exprimait ce jeudi devant la Chambre des députés à Rome.

L'impératif pour Silvio Berlusconi est clair : trouver au plus vite 20 milliards d'euros d'économies pour maintenir l'engagement de parvenir à l'équilibre budgétaire dès 2013 (au lieu de 2014) et au passage de calmer les marchés.

Ce jeudi matin, Giulio Tremonti a évoqué différentes pistes pour y parvenir lors d'une audition à la Chambre des députés à Rome. Le ministre italien de l'Economie a défendu l'idée d'une "règle d'or sur l'équilibre budgétaire" devant les députés italiens. "Il est important que nous inscrivions l'équilibre budgétaire dans la constitution", a-t-il affirmé.

Giulio Tremonti s'est aussi dit ouvert aux propositions de la Banque centrale européenne pour réaliser ces économies. Celles-ci figurent dans une lettre "confidentielle" envoyée par Jean-Claude Trichet et son futur successeur à la tête de l'institution, Mario Draghi, en fin de semaine dernière. La BCE y préconisait de privatiser des services publics locaux et de réformer le marché du travail.

Le gouvernement italien entend aussi modifier la fiscalité des revenus financiers, avec une augmentation des taxes allant jusqu'à 20%. "A part les titres d'Etat, tous les titres financiers seraient taxés de 12,5% à 20%", a précisé Giulio Tremonti. Rome projette aussi de renforcer la lutte contre l'évasion fiscale.

Mercredi, lors d'une rencontre avec les partenaires sociaux, le président du Conseil avait par ailleurs indiqué une accélération du calendrier en annonçant une réunion du cabinet d'ici le 18 août.

Plusieurs hypothèses

Depuis plusieurs jours, les experts du Trésor ont en tout cas mis sur la table plusieurs hypothèses à commencer par une intervention sur les comptes sociaux. "Au stade actuel, rien dans ce sens", a tenu à rassurer le ministre du Travail, Maurizio Sacconi, tout en précisant "sur le moyen et long terme, les comptes sont en ordre. Pour le court terme, nous en discuterons avec les partenaires sociaux".

Après l'annonce, en juillet, de la réintroduction du ticket modérateur sur certaines consultations chez des médecins spécialistes, d'autres mesures pourraient être prises sur les soins hospitaliers. Mais cela ne devrait pas suffire pour équilibrer les comptes. Une nouvelle réforme des retraites serait envisagée. Les pensions de reversion devrait être touchées ainsi que les retraites d'ancienneté. Le seuil d'invalidité pourrait aussi être relevé. Mais sur le chapitre social, les syndicats et une partie de l'opposition de gauche ne cachent pas leur préoccupation. "Nous attendons une politique qui ne frappe pas les plus démunis", a mis en garde le puissant syndicat Cgil qui propose de taxer les rentes financières et les gros patrimoines.

Mais du côté de certains alliés de Silvio Berlusconi, on ne veut, pour l'heure, entendre parler d'une réforme des retraites. "Pas touche aux pensions des travailleurs", a souligné le ministre (Ligue du Nord) Umberto Bossi. L'un de ses lieutenants, le maire de Vérone, Flavio Tosi s'est prononcé lui aussi pour "une taxation des rentes financières". Les experts auraient aussi envisagé également de taxer les propriétaires de résidences secondaires.

"Un impôt sur le patrimoine ? Je préfère encore démissionner", aurait cependant indiqué Silvio Berlusconi. De leur côté, les partenaires sociaux ont rappelé qu'ils souhaitaient une vague de libéralisations et la baisse des coûts du système politique.