Madrid : les JMJ sont priées de ne pas coûter trop cher

Par latribune.fr  |   |  594  mots
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Les dizaines de millions d'euros que vont coûter les Journées Mondiales de la Jeunesse, qui ont lieu du 6 au 21 août à Madrid, font polémique. Les "Indignés", dont le mouvement est parti de la capitale espagnole, s'inquiètent en particulier des dépenses liées au rassemblement catholique en cette période de rigueur budgétaire.

Puerta del Sol à Madrid, les ?Indignés? ont dû laisser la place aux catholiques. La capitale espagnole pourrait accueillir jusqu?à 1,5 million de fidèles chrétiens entre le 16 et le 21 août dans le cadre des XXVIe Journées Mondiales de la Jeunesse.

Mais, en pleine crise des dettes souveraines, et alors que le pays a mis en place un plan de rigueur budgétaire, l?événement fait polémique. Derrière le mot d'ordre  "Avec mes impôts, non!", des milliers de manifestants anti-pape sont ainsi attendus mercredi, la veille de la venue de Benoît XVI en Espagne. Au coeur de leur colère notamment, le coût du rassemblement pour les contribuables. 

Des JMJ "austères"

Les organisateurs évaluent le coût total du rassemblement entre 55 et 62 millions d'euros. Et, sur sa gestion, le Vatican se veut exemplaire. En octobre, le cardinal de Madrid, promettait déjà des JMJ ?espagnols, austères et festifs?. Au premier jour de l?événement, le message est à nouveau répété. "L'équipe espagnole a vraiment tout fait pour limiter les coûts, c'est moins 20% du budget de Sydney, qui s'est déroulé il y a donc trois ans, en 2008", a ainsi assuré le porte-parole des Evêques de France Mgr Bernard Podvin au micro de RMC ce mardi.

Officiellement, l?événement doit être autofinancé à 70% grâce aux frais d?inscription et au mécénat privé. Les participants doivent ainsi débourser entre 30 et 210 euros pour s?inscrire aux JMJ selon la durée choisie et l?hébergement. Le logement des quelques 450.000 pèlerins venu du monde entier est assuré par des familles d?accueil mais aussi grâce à des écoles ou des salles de sport mis à disposition des groupes. En tout, quelques 1.400 lieux abriteront les jeunes catholiques durant ces cinq journées. Ces derniers pourront se déplacer dans la ville grâce à des tickets de transport à prix réduits. Près de 6 millions de repas leur seront aussi servis grâce à réseau de restaurateurs espagnols (Ferhcarem).

Mécènes privés

Quant à l?obole des mécènes privés, provenant des entreprises espagnoles, elle fait aussi grincer des dents en Espagne. Participent entre autres au sponsoring la banque Santander, l?entreprise de télécoms Telefónica ou encore le constructeur automobile américain Ford. Déclaré ?d?intérêt Public Exceptionnel?, par la loi de budget 2010, l?événement permet d?obtenir des déductions fiscales sur les sommes engagées par les entreprises. L?Eglise compte en outre sur des dons par SMS (1,20 euro par message) ou par Internet, ainsi que sur de nombreux produits dérivés, des images pieuses aux chapelets, en passant par l?eau bénite.

Toutefois certains coûts ne sont pas pris en compte, comme les frais engagés pour assurer la sécurité des participants. Quelque 10.000 policiers sont ainsi mobilisés.

Manque-à-gagner

Le comité organisateur évoque par ailleurs un ?bénéfice de 100 millions d?euros pour l?économie espagnole?. Un optimise que ne partagent pas les commerçants madrilènes. Leur principal syndicat, la ?Confederación de Comercio Especializado de Madrid? (Cocem) a ainsi adressé une lettre au ministère de l?intérieur réclamant des compensations pour les 30 millions d?euros de manque-à-gagner prévus à cause des JMJ.

Ils se plaignent aussi des pertes dues au mouvement du ?15-mai? engagés par les ?Indignés? qui manifestent leur opposition aux restrictions budgétaires depuis plusieurs mois sur la Puerta del Sol.