Israël peut-il connaître une catastrophe "à la grecque" ?

Par Pascal Lacorie, à Jérusalem  |   |  543  mots
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avec des fusiliers-marins israéliens. Couper dans le budget de la défense reste un tabou
Contesté depuis plus d'un mois par un mouvement social sans précédent, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu agite le spectre d'un scénario à la grecque pour ne pas céder aux revendications des manifestants.

Benjamin Netanyahu doit résoudre une sorte de quadrature du cercle. Il affirme être disposé à accepter une partie des revendications des manifestants qui dénoncent la cherté de la vie notamment pour les prix des logements qui ont grimpé de moitié en cinq ans.

Mais cette crise sociale tombe mal. La croissance au pas de charge qu'a connue l'économie israélienne depuis deux ans donne des signes d'essoufflement avec une progression de 3,3% au deuxième trimestre contre 4,7% durant les trois premiers mois de l'année. La Banque d'Israël a ramené ses prévisions de 5,2% à 4,8% pour l'ensemble de 2011.

"Cela reste un résultat honorable par rapport aux pays européens, mais il constitue un avertissement", souligne un responsable de la Banque d'Israël.

Autre signe inquiétant : le déficit commercial a triplé durant les sept premiers mois de l'année par rapport à la même période de l'an dernier pour atteindre 8,6 milliards de dollars.

Le ralentissement de l'activité en Europe et aux Etats-Unis les deux principaux clients de l'Etat hébreu, ainsi que la montée en force du shekel, la monnaie nationale, expliquent cette contre-performance.

Du coup Benjamin Netanyahu avance sur des ?ufs. Lui et ses proches ne cessent d'agiter le spectre d'une situation "catastrophique" comme celle dans laquelle sont plongées la Grèce, l'Espagne et le Portugal.

"Nous n'agirons que dans le cadre budgétaire actuel", martèle le Premier ministre. Autrement dit, il n'est pas question de creuser le déficit ou de gonfler la dette.

Sur ces deux fronts, la politique de Benjamin Netanyahu a porté ses fruits. Le déficit devrait être inférieur de 3% en 2011 contre 3,7% l'an dernier.

La dette ne cesse de baisser. Elle représente 76% du PIB contre 80% il y a deux ans. L'objectif est de la ramener à 60% d'ici 2010.

"La seule solution dans ces conditions est de procéder à de simples transferts de budget et d'augmenter les impôts", souligne-t-on au Ministère des Finances.

Une mission qui ne s'annonce pas facile.

Un exemple: une bonne partie des commentateurs réclament des couples claires dans le budget de la défense qui absorbe à lui seul 6,5% de la richesse nationale, trois fois plus que dans la plupart des pays occidentaux. Mais sur ce front, Benjamin Netanyahu se heurte au très puissant lobby de l'armée qui refuse de se serrer le ceinturon.

"Ceux qui prétendent que la sécurité se paie au détriment de l'éducation, de la santé et du social mentent", proclame Matan Vilnaï le ministre chargé de la Défense des civils.

Les pressions de la rue, qui devraient culminer le 3 septembre avec un million de manifestants que les organisateurs du mouvement de contestation espèrent mobiliser, devraient toutefois contraindre la Défense à faire un "geste".

Sur la piste fiscale, Benjamin Netanyahu en tant que chef du gouvernement et auparavant ministre des Finances, a abaissé les impôts sur les sociétés de 36% à 24% en huit ans et réduit la charge pour les hauts revenus.

Il pourrait reprendre en partie ce qu'il a donné en augmentant la pression fiscale sur les plus riches. Mais là aussi les ressources dégagées risquent de ne pas suffire à financer les réformes souhaitées par la population