Jacques Delors : "l'euro est au bord du gouffre"

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  470  mots
Copyright Reuters
Dans un entretien accordé au quotidien belge Le Soir et au journal suisse Le Temps, l'ancien ministre français des Finances, 86 ans, estime que le sommet franco-allemand de mardi dernier n'a pas apporté les réponses nécessaires à la crise de la dette

L'euro et l'Europe sont au bord du gouffre, estime l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, qui fut un des pères fondateurs de la monnaie unique lors de la rédaction du traité de Maastricht.

Dans un entretien accordé au quotidien belge Le Soir et au journal suisse Le Temps, l'ancien ministre français des Finances, 86 ans, estime que le sommet franco-allemand de mardi dernier n'a pas apporté les réponses nécessaires à la crise de la dette lorsqu'il a refusé de lancer des euro-obligations.

"Ouvrons les yeux : l'euro et l'Europe sont au bord du gouffre", explique-t-il dans cet entretien publié jeudi. "Et pour ne pas tomber, le choix me paraît simple : soit les Etats membres acceptent la coopération économique renforcée, que j'ai toujours réclamée, soit ils transfèrent des pouvoirs supplémentaires à l'Union. La seconde option étant refusée par une majorité des Vingt-sept, reste la première...", ajoute-t-il.

Mardi dernier, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont notamment proposé de créer un gouvernement économique de la zone euro, qui se réunira au moins deux fois par an avec un président stable, et une taxation des transactions financières. "Tel quel, cela ne servira à rien. Le dialogue franco-allemand se poursuit et je m'en réjouis, mais Mme Merkel, une fois encore, n'a fait aucune concession sur le fond", estime le père de Martine Aubry, candidate à l'investiture socialiste pour la présidentielle de 2012.

Jacques Delors propose de mutualiser partiellement les dettes des Etats jusqu'à hauteur de 60% de leur produit intérieur brut, le seuil maximal retenu dans le Traité de Maastricht pour la participation à la monnaie unique. Ces euro-obligations sont selon lui indispensables.

"Car si on ne le fait pas, les marchés continueront de douter", ajoute-t-il en estimant que "les dirigeants européens sont passés à côté des réalités".

"Comment peuvent-ils penser que les marchés vont croire aux promesses du sommet de la zone euro, le 21 juillet, s'il faut attendre la fin de septembre pour les transformer en actes ?", demande l'ancien président de la Commission européenne.

Si la crise de la dette ne peut être résolue, l'Europe se délitera et deviendra un simple espace de libre-échange, ajoute-t-il.

Le privé à nouveau mobilisé ?

De son côté, le président de la fédération bancaire allemande BdB a dit jeudi ne pas exclure une nouvelle participation du secteur privé dans l'éventualité d'une détérioration de la crise de la dette dans la zone euro.

Il a souligné que les banques allemande s n'étaient pas unanimes face à la proposition de Paris et Berlin d'instaurer une nouvelle taxe sur les transactions financières, mais s'accordaient sur le fait qu'une telle imposition ne pourrait s'appliquer exclusivement à la zone euro.