11 Septembre, une facture de 3.000 milliards de dollars pour les Etats-Unis

Par Sylvain Rolland et Eric Benhamou  |   |  511  mots
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La facture finale doit prendre en compte des coûts à long terme, notamment les coûts médicaux des vétérans, et les impacts macroéconomiques.

De « 50 à 60 milliards de dollars » estimés en 2003 par Donald Rumsfeld, le secrétaire d'État à la Défense de George W. Bush, le « coût total » des guerres contre le terrorisme n'a cessé de gonfler à mesure de l'enlisement des conflits en Afghanistan et en Irak et de la multiplication des opérations militaires américaines partout dans le monde.

Aujourd'hui, les économistes de la Brown University de New York, qui ont étudié toutes les dépenses liées aux guerres post-11 Septembre sur la base des chiffres du Congrès, évaluent le vrai coût de la guerre à 3.000 milliards de dollars depuis 2001. Car au-delà des 1.980 milliards de dollars dépensés par le Pentagone - soit la moitié du budget militaire de la Seconde Guerre mondiale ! (voir ci-contre) -, de nombreux coûts doivent être également pris en compte, comme le « surcoût » de la sécurité intérieure (Homeland Security), estimé à 401 milliards de dollars. S'ajoutent également 185 milliards d'intérêts sur les sommes empruntées - les guerres de Bush sont non seulement les plus longues de l'histoire américaine mais également les premières intégralement financées à crédit - ou encore les dépenses « de sécurité et d'assistance humanitaire » en Afghanistan, au Pakistan et en Irak (74 milliards).

Mais la facture sera encore plus salée. Le coût total doit en effet inclure les dépenses à long terme, essentiellement la prise en charge des anciens combattants qui auront besoin de soins médicaux pendant de très nombreuses années. Ainsi, « les coûts sociaux pour les vétérans et les familles de militaires », évalués actuellement entre 300 et 400 milliards de dollars, pourraient au final atteindre près de 900 milliards. La face cachée de la facture militaire en quelque sorte, qui pourrait, selon l'institut, faire grimper l'addition à 4.000 milliards de dollars et qu'il faudra payer bien après que le dernier soldat américain aura quitté l'Afghanistan.

C'est pourquoi ce bilan économique et financier exorbitant ne cesse d'ailleurs d'être réévalué à la hausse. Et encore, précise l'étude de la Brown University, « ce calcul ne prend pas en compte les dépenses pour les vétérans payées par les États et les gouvernements locaux ou encore les conséquences des sommes allouées à la Défense qui auraient pu être utilisées ailleurs et qui ont un impact sur l'emploi ou les investissements ».

Pire, les conséquences sur l'économie américaine et mondiale sont difficilement mesurables. « Les guerres ont contribué à la faiblesse macroéconomique de l'Amérique, en exacerbant ses déficits et son endettement », affirme Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie. Si les guerres contre le terrorisme ne peuvent expliquer la spirale de l'endettement des États-Unis, elles y ont contribué « à environ un quart de l'augmentation totale » sur la période, selon une étude du Center for Strategic and Budgetary Assessments. Et que dire de la hausse des cours pétroliers liée à l'arrêt de la production irakienne ? Le 11 Septembre n'explique pas la crise : il a juste contribué à l'aggraver.