11 septembre 2001, 8h46 : dans un ciel bleu azur, un premier avion se fracasse dans la tour nord du World Trade Center, symbole du capitalisme occidental. La tour sud suit à 9h03, puis le Pentagone. 102 minutes plus tard, le monde assiste incrédule à un déluge de feu, d'acier et de poussière sur le sud de Manhattan. Tel un funeste présage, la phrase "America under attack" barre l'écran des télévisions. 2 mai 2011 : Barack Obama, encore engagé dans deux guerres déclenchées par son prédécesseur, annonce que "justice a été faite" : Oussama Ben Laden vient d'être exécuté au Pakistan.
Après dix ans d'une traque implacable, personne ne peut dire pourtant que l'Amérique vengeresse a "gagné" la "guerre contre le terrorisme". La disparition de Ben Laden n'a pas effacé la peur, toujours vivace à l'approche du triste anniversaire. Elle n'a pas gagné non plus les guerres d'Irak et d'Afghanistan. Malgré la mort de Ben Laden, c'est le temps des remises en cause. Le pétrole vaut cinq fois plus cher qu'en 2001; le dollar s'est effondré. D'Emmanuel Todd à Arianna Huffington, les déclinistes dénoncent une "Amérique qui tombe". "Dans cinquante ans, on retiendra surtout que les Etats-Unis ont surréagi", affirme dans Foreign Policy le journaliste vedette du Watergate, Bob Woodward.
Le contre-choc, dix ans après, est tout aussi violent que la réaction initiale : un pays surendetté -le quart de l'augmentation de la dette s'explique par les guerres de Bush -, contesté par une nouvelle hyper-puissance, la Chine, entrée dans l'OMC quelques mois avant l'attentat. Un pays qui, dans son obsession sécuritaire, a perdu un peu de son âme démocratique, comme l'a dénoncé au cinéma Michael Moore. Alors, c'est vrai, les années 2000 ont aussi été celles des Apple, Google et Facebook. Mais en 2011, l'Amérique offre surtout le visage d'une nation divisée et durablement affaiblie économiquement et moralement. Loin de l'espoir d'un peuple soudé autour d'un nouveau grand rêve.
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