Le miracle économique turc peut-il durer ?

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  422  mots
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Défiant la morosité internationale, la croissance turque s'est élevée à 8,8% au deuxième trimestre. Les conjoncturistes craignent un phénomène de surchauffe.

L'économie turque a enregistré au deuxième trimestre une croissance de 8,8% sur un an, selon des statistiques officielles nettement supérieures aux attentes des économistes, qui suggèrent que le ralentissement économique mondial n'affecte guère le pays. Les spécialistes avaient prédit une croissance de 6,4% selon une enquête Reuters. D'un trimestre sur l'autre, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 1,3% en données corrigées des variations saisonnières.

Risque d'atterrissage difficile

"L'économie continue d'avancer à toute vapeur et ce malgré les conditions actuelles. La surprise de cette réussite turque met en lumière la robustesse du niveau d'activité en Turquie ", a déclaré Ozhan Atilla, économiste chez Danske Bank.  "En même temps, les risques d'un atterrissage difficile sont encore plus grands maintenant", a-t-il ajouté. La croissance au premier semestre a été révisée à 11,6% contre un taux initial de 11%, preuve que l'économie a montré quelques signes de ralentissement sur le deuxième trimestre, en raison notamment d'un essoufflement de la production industrielle. De son côté, le cabinet de recherche Capital Economics avertit que "l'économie turque est en surchauffe et qu'il est désormais encore plus probable qu'une période de robuste croissance s'achète en récession". 

Inflation galopante

Les craintes d'une surchauffe de la Turquie ont laissé la place aux inquiétudes liées aux effets d'une possible récession mondiale.  L'économie a connu une croissance de 9% en 2010 sur fond d'une l'inflation galopante, notamment provoquée par une envolée du prêt des banques. Parallèlement, selon des données de la banque centrale turque, le déficit des comptes courants a bondi à 5,32 milliards de dollars en juillet, contre 3,565 il y a un an, et un consensus Reuters de 5,475 milliards de dollars.

S'attaquer au déficit du compte courant

L'actuel déficit du compte courant reste la principale source de préoccupation pour le gouvernement car il laisse planer la crainte d'un retrait d'avoirs dans le cas d'un nouveau choc économique à l'étranger. En décembre dernier, la banque centrale avait débuté mis en place un cocktail de politique monétaire visant à la fois à s'attaquer au déficit courant et à brider la demande domestique. Début 2011, elle a déclaré que ces mesures étaient l'équivalent d'un durcissement monétaire alors que la banque centrale avait dit quelques mois plus tôt qu'elle était prête à assouplir tous ses outils si la conjoncture mondiale se dégradait et qu'un ralentissement de l'activité domestique devenait plus prononcé.