Bruxelles et le FMI en désaccord sur ce qu'il faut exiger d'Athènes

Par latribune.fr, avec agences  |   |  782  mots
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Pour le FMI, la Grèce doit faire de nouvelles économies en plus de celles déjà adoptées fin juin. La Commission européenne, elle, exige qu'Athènes mette en œuvre ces mesures rapidement sans en demander d'autres. Pendant ce temps, la France clame une fois de plus son soutien au pays en difficulté.

La Grèce doit-elle faire plus d'efforts? En amont de la téléconférence qui doit réunir à 18 heure (heure française) le ministre des Finances grec et les inspecteurs de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), ces deux créanciers d'Athènes marquent une fois de plus leur désunion sur les moyens de sortir de la crise.

Pour le FMI, le pays a fait des progrès mais il "doit encore en faire". Pour l'instant, "la balle est dans le camp grec", a ainsi lancé le représentant du Fonds, Bob Traa, lors d'un colloque organisé à Vouliagmeni près d'Athènes par le magazine britannique The Economist. Bien que son programme d'austérité "ne soit pas un échec", la Grèce doit, selon lui, prendre des mesures d'économies budgétaires supplémentaires.

Ces mesures qualifiées de "nécessaires" par le représentant du FMI touchent en particulier au système fiscal. "La Grèce doit améliorer le système de collecte de taxes, lutter davantage contre l'évasion fiscale", a-t-il demandé tout en mettant en garde contre une trop forte hausse des impôts. Il a aussi évoqué des réformes structurelles, s'inquiétant des retards pris sur le programme de privatisations. Des retards qui seraient susceptibles de déboucher sur un "défaut". Le représentant du FMI a regretté l'absence de consensus politique nécessaire pour procéder à ces dénationalisations et dégager cette année les 5 milliards d'euros prévus par ce programme.

Bruxelles : "Pas de nouvelles mesures d'austérité sur la table"

La Commission européenne, quant à elle, a fait savoir qu'elle n'exigerait pas plus d'efforts de la part de la Grèce que ceux qui sont déjà prévus dans le programme d'austérité voté au parlement en juin. "Il n'y a pas de nouvelles mesures d'austérité sur la table. Ce qui est en jeu, c'est le respect des objectifs convenus", a ainsi affirmé Amadeu Altafaj Tardio, porte-parole de la Commission.

En France, le ministre de l'Economie, François Baroin a insisté sur le fait qu'un défaut d'Athènes "n'est pas une hypothèse de travail". "La Grèce sait ce qu'elle a à faire" a-t-il ajouté, précisant que la "stratégie" du gouvernement français, consiste pour le moment à "rendre opérationnel l'accord du 21 juillet". Cet accord porte sur un deuxième plan d'aide au pays, de 160 milliards d'euros, venant s'ajouter au premier, de 110 milliards d'euros, décidé en 2010, ainsi que sur l'extension des attributions du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Paris n'acceptera pas "l'écroulement de la zone euro"

"Nous n'accepterons pas l'écroulement de la zone euro. Cela signifierait l'écroulement de l'Europe", a affirmé Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères au nom du couple franco-allemand. L'ancien premier ministre, qui s'exprimait en marge d'une réunion à New York, réitère le discours d'apaisement déjà lancé par Paris depuis que les craintes d'une faillite d'Athènes a refait surface.

Malgré des messages visant à rassurer les marchés, l'Allemagne s'est montrée ferme vis-à-vis de la Grèce. Elle conditionne le déblocage d'une sixième tranche d'aide internationale, d'un montant de 8 milliards d'euros, au jugement de la "Troïka" - composée du FMI, de l'Union européenne et de la Banque centrale européenne. La décision ne devrait -être rendue qu'en octobre, comme l'a indiqué le Commissaire européen aux Finances, Olli Rehn.

Une "semaine très difficile"

Face aux demandes de ses créanciers, le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, s'est dit, "confiant" concernant ce versement. Il s'attend tout de même à  "une semaine très difficile pour le pays, pour la zone euro" mais aussi pour lui-même.  Le ministre grec a ajouté : " il faut prendre maintenant des décisions de caractère historique", faute de quoi, "on sera obligé de les prendre prochainement dans des conditions incontrôlables et douloureuses".

Rappelant l'objectif de réduire le déficit grec à 1,8 milliard d'euros en 2011, alors qu'il a atteint 24 milliards en 2009 et 11 milliards en 2010, Evangélos Vénizélos espère retrouver un excédent budgétaire en 2012.

Or, les perspectives sont mauvaises concernant les rentrées d'argent en Grèce. Avec une chute de la production estimée à 5,5% à fin 2011, "le programme (d'austérité) traverse un moment difficile", a reconnu le représentant du FMI. Ce dernier prévoit cependant un ralentissement de la récession en Grèce en 2012, tablant sur un recul du produit intérieur brut de 2,5% l'année prochaine. Le FMI attend même une reprise de la croissance pour 2013.