Papandreou implore Berlin de soutenir la Grèce

Par latribune.fr, avec agences  |   |  908  mots
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Le Premier ministre grec rend visite ce mardi à son homologue allemande. Georges Papandreou a plaidé en faveur d'un soutien à son pays auprès d'Angela Merkel. La chancelière a, de son côté, affirmé que Berlin apporterait son aide à Athènes.

Parlant d'efforts "surhumains", de "sacrifices" et multipliant les promesses, Georges Papandreou, a tenté, ce mardi, de rassurer les Allemands sur les comptes de son pays. "L'Allemagne apportera toute l'aide souhaitée, afin que la Grèce puisse retrouver la confiance", lui a répondu Angela Merkel devant des chefs d'entreprise.

Le Bundestag doit se prononcer jeudi sur l'un des leviers de l'aide à la Grèce : le renforcement des prérogatives du Fonds de européen de stabilité financière, décidé par les membres de la zone euro le 21 juillet. Une modification qui devrait porter à 211 milliards contre 123 précédement les garanties apportées par Berlin à ce fonds. A ce jour, six pays ont ratifié cet accord, dont la France, l'Italie, l'Espagne et l'Irlande ainsi que la Slovénie depuis ce mardi.

Or, les réticences sont fortes dans la première économie européenne, à soutenir encore un pays qui n'a pas encore réussi à rétablir sa situation financière malgré un premier plan de sauvetage en 2010 et une série de coupes budgétaires. Les libéraux du FDP qui sont membres de la coalition au pouvoir rechignent à payer pour les grecs.

Tour de vis budgétaire

De nouveaux efforts ont été demandé à la population hellène. Une nouvelle taxe sur l'immobilier devrait être votée ce mardi, des privatisations ainsi que des mises au chômage technique dans la fonction publique sont prévus. Très mal reçues, ces nouvelles réformes qui s'ajoutent à celles de juin ont été suivies de mouvements sociaux dans les transports de la capitales et d'un préavis de grève générale le 19 octobre.

Ces mesures visent à convaincre les créanciers du pays à verser la sixième tranche de l'aide internationale prévue en 2010. Les représentants de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du Fonds monétaire international doivent revenir sur place " mercredi ou jeudi " pour terminer leur audit des comptes grecs et déterminer si le pays mérite de recevoir les 8 milliards d'euros attendus. Jean-Claude Juncker, qui préside cette le Conseil des ministres de la zone euro, l'a évoqué devant les parlementaires européens à Strasbourg.

Pour le ministre grec des Finances, Evangélos, Vénizélos, cela ne fait pas de doute, cette aide sera versée à temps, " courant octobre ", avant qu'Athènes ne se retrouve à court de liquidité. "Il est ridicule de dire que la Grèce ou un pays d'Europe va faire faillite", a-t-il aussi martelé ce mardi.

Sujets de discorde

La Banque centrale européenne estime que l'impact d'un éventuel défaut d'Athènes serait trop grave. Contredisant ceux qui préconisent d'organiser une faillite grecque, Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la Banque centrale européenne a affirmé que " ceux qui pensent cela n'ont aucune idée de la façon dont une contagion se répand". Il a aussi comparé la période actuelle à celle qui a précédé la chute de Lehman Brothers. En 2008, la persective d'une faillite de la banque américaine avait soufflé un vent de panique sur les places boursières mondiales.

Par ailleurs, le projet d'augmenter la dotation du Fonds européens de stabilité financière (FESF) divise lui aussi. Lundi, Ewald Nowotny, membre autrichien des gouverneurs de la BCE avait admis lundi que ce renflouement était "discuté". Sa compatriote Maria Fekter, ministre des Finances l'avait aussi indiqué. Mais, ce mardi, le porte-parole de la Commission européenne a démenti cette information, précisant qu' " aucun débat formel n'a été engagé à ce sujet ".

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble a d'ailleurs jugé  "stupide" l'idée de renflouer le FESF. Son homologue espagnole, Elena Selgado, a quant à elle, réfuté la rumeur selon laquelle ce Fonds pourrait être doté à 2.000 milliards d'euros contre 440 aujourd'hui.

Des Français et des Allemands proposent d'effacer 50% de la dette grecque

Pour sauver la Grèce, certaines voix parviennent toutefois à s'accorder en Europe. C'est le cas d'un groupe d'économistes français et allemands qui préconisent d'effacer la moitié de la dette grecque. "Les créanciers devraient renoncer environ à la moitié de la valeur nominale de leurs obligations grecques", écrivent ensemble un comité de " sages " économiques allemands, un conseiller au gouvernement français et un responsable de la revue économique du Fonds monétaire international (FMI) dans une tribune au Financial Times Deutschland publiée ce mardi. "Alors il serait possible pour la Grèce de ramener son endettement à un niveau viable par ses propres moyens ", ajoutent-ils. Ces auteurs demandent aussi qu'il soit possible pour les banques d'échanger des titres grecs contre des obligations émises par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), afin de garantir le bon déroulement du processus de restructuration. Enfin, ils appellent à un soutien particulier pour les banques les plus exposées, notamment en Grèce.

En dehors de l'Union européenne, des Etats ont aussi annoncé qu'ils envisageaient de soutenir la Grèce. " Si un processus ferme, raisonnablement financé et capable de rassurer les marchés quant au sauvetage grec est mis en place, je n'écarterai pas la possibilité que le Japon endosse une partie du fardeau.", a ainsi déclaré le ministre japonais des Finances, Jun Azumi. La veille, la Russie avait déjà indiqué être prête à racheter des obligations du Fonds européens de stabilité financière et d'allouer des fonds supplémentaires au FMI.