Le Bundestag adopte l'élargissement du Fonds européen de stabilité

Par Romaric Godin  |   |  456  mots
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Avec une large majorité, la chambre basse du parlement allemand a approuvé les décisions du conseil européen du 21 juillet dernier. Angela Merkel a sauvé sa propre majorité. Nicolas Sarkozy et la chancelière incitent tous les pays de la zone euro à ratifier rapidement l'accord sur la Grèce.

Le Bundestag a adopté ce jeudi matin les réformes du Fonds européen de stabilité financière (FESF) décidé par le conseil européen du 21 juillet dernier. Il n'y avait là aucune surprise puisque, depuis plusieurs semaines, les deux principaux partis d'opposition, les Verts et les Sociaux-démocrates, ont fait connaître leur volonté d'approuver ce texte. Aussi le projet de loi a-t-il obtenu l'aval de 523 des 622 députés du Bundestag. Le Bundesrat, l'autre chambre du parlement, devrait sans difficulté ratifier ce texte demain vendredi et achever ainsi le processus législatif outre-Rhin. Avec cette décision, l'Allemagne, premier contributeur au Fonds, est le onzième pays à ratifier la possibilité pour le FESF de disposer de 440 milliards d'euros et d'agir directement sur le marché secondaire des obligations souveraines.

Dans l'après-midi, Nicolas Sarkozy a félicité Angela Merkel pour la ratification du plan d'aide à la Grèce. Et les deux responsables franco-allemands ont incité tous les pays de la zone euro à ratifier rapidement cet accord.

Angela Merkel sauve sa majorité

L'enjeu de ce vote allemand résidait en réalité ailleurs. Il s'agissait de savoir si la coalition entre Libéraux et Chrétiens-démocrates, que dirige la chancelière, allait assurer sa majorité de 21 voix sur ce vote. Dans le cas contraire, la position du gouvernement deviendrait difficile et l'option de nouvelles élections fédérales serait devenue possible. Finalement, Angela merkel a pu compter sur 315 députés de son propre camp, elle a donc assuré sa propre majorité de quatre voix. Jusqu'au dernier moment, le suspense a été haletant : le « vote blanc » dans les groupes parlementaires de mardi avait montré 18 récalcitrants au sein de la coalition, contre 25 début septembre, mais la question d'un futur élargissement du FESF n'avait eu de cesse d'inquiéter certains députés durant les derniers jours. Ils n'ont été que 17 à ne pas voter le projet de loi, au final.

Contexte politique

Wolfgang Schäuble, le ministre fédéral des Finances, avait dans son discours avant le vote, rejeté tout renforcement futur du Fonds. Il a joué la compréhension avec les députés mécontents en déclarant que la « décision était difficile pour tout le monde ». Surtout, il a insisté sur les « craintes » du monde face à la crise et la responsabilité de l'Allemagne. Ce qui a cependant certainement le plus joué dans la décision des députés hésitants ou mécontents, c'est le contexte politique : de nouvelles élections fédérales aujourd'hui ramèneraient sans doute l'alliance Verts-SPD au pouvoir et élimineraient de la scène politique le parti Libéral donné entre 2 et 4 % des intentions de vote, contre près de 15 % lors du scrutin de 2009.