La petite gaffe qui trahit les intentions du FMI...

Par latribune.fr  |   |  727  mots
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Un responsable du Fonds monétaire international a dit mercredi que l'institution pourrait le cas échéant acheter des obligations espagnoles ou italiennes, aux côtés du Fonds européen de stabilité financière (FESF), avant de prendre ses distances un peu plus tard avec cette idée.

Antonio Borges, directeur du département Europe du FMI, a dit lors d'une conférence de presse que le FMI "pourrait peut-être même investir avec la Facilité européenne de stabilité financière (FESF). Nous serions assurément prêt à jouer ce rôle".

Une plus grande implication du FMI dans les tentatives de résolution de la crise de la dette de la zone euro pourrait rassurer certains investisseurs ayant le sentiment qu'elle est hors de contrôle.

"Les investissements que nous ferions en Espagne ou en Italie seraient fondées sur la certitude que ces pays sont sur la bonne voie, qu'ils sont solvables et qu'ils prennent toutes les mesures nécessaires", a ajouté Antonio Borges.

"Parce que le FESF a désormais la possibilité d'investir sur les marchés secondaires, nous pourrions investir à ses côtés, pour soutenir les marchés de la dette en Italie et en Espagne avec un élément supplémentaire de crédibilité", a-t-il dit.

Par la suite, Antonio Borges, a publié un communiqué disant qu'il voulait "clarifier certains commentaires tenus précédemment" en disant que le FMI ne pouvait agir directement sur les marchés obligataires.

"Le FMI ne peut que prêter ses ressources aux pays, il ne peut pas les utiliser pour intervenir directement sur les marchés obligataires. Nous n'envisageons aucune implication sur le marché avec le FESF", souligne-t-il.

Le FESF, doté de 440 milliards d'euros, est vu comme n'étant pas suffisamment abondé en cas d'aggravation de la crise. Et les responsables européens réfléchissent déjà à l'augmentation de ses capacités d'intervention via un effet de levier.

LA BCE DOIT RESTER ACTIVE SUR LE MARCHÉ OBLIGATAIRE-BORGES

Lors de la conférence de presse, avant son communiqué rectifiant ses propos, Antonio Borges avait dit vouloir attendre la ratification des nouveaux pouvoirs du FESF avant d'engager de nouvelles actions du FMI.

Le FMI pourrait aller plus loin et investir directement dans les obligations italiennes et espagnoles et pour cela, il lui faudra créer un véhicule d'investissements spécifique, avait précisé Antonio Borges.

Il a également estimé que la Banque centrale européenne devrait rester active sur le marché obligataire pour contribuer à sa stabilisation, même après le renforcement des pouvoirs du fonds de stabilité financière européen, le FESF.

La BCE achète des obligations d'Etat espagnoles et italiennes sur le marché secondaire depuis août pour éviter que les coûts d'emprunt de ces pays ne montent à des niveaux prohibitifs.

La BCE estime que cette action est en quelque sorte le prolongement de ses décisions de politique monétaire. Mais nombre d'économistes estiment que la banque centrale de la zone euro cessera d'intervenir sur le marché quand le FESF sera doté de ses nouveaux pouvoirs et notamment de celui d'acheter de la dette sur le marché secondaire.

"La BCE a un rôle très important à jouer dans la restauration de la stabilité des marchés en Europe", a déclaré le directeur du département Europe du FMI, Antonio Borges, lors d'une conférence de presse. "Il n'est pas possible d'avoir une union monétaire avec des marchés de la dette d'une extraordinaire instabilité comme c'est le cas aujourd'hui."

Il ne s'agit pas, souligne le FMI, de sauver des Etats dépensiers, mais de lisser les fluctuations des marchés. "Une intervention régulière sur les marchés pour stabiliser les conditions serait le plus approprié", estime Antonio Borges.

Les gouvernements de la zone euro pourraient songer à une façon de rendre de telles opérations plus acceptables pour la BCE dont les statuts lui interdisent de financer des gouvernements.

"S'il faut pour cela donner à la BCE un certain degré de soutien de la part des ministères des Finances de toute l'Europe, de façon à fournir un confort supplémentaire pour le faire plus facilement, nous serions assurément très heureux de voir cela se produire", a déclaré Antonio Borges.

"Il y a plusieurs manière de le faire. Cela pourrait être simplement une garantie de la part de plusieurs ministères des Finances, cela pourrait être le FESF; il y a de nombreuses possibilités. Le plus important est de faciliter pour la BCE une présence de stabilisation sur les marchés", a-t-il ajouté.