Crise de la zone euro : Berlusconi veut mettre l'Italie à sa botte

Par latribune.fr, avec Reuters et AFP  |   |  782  mots
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Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a convoqué en urgence ce lundi à 18h00 son gouvernement pour tenter de convaincre ses partenaires de coalition de soutenir une série de réformes économiques réclamées par l'Union européenne. Mais le Cavaliere veut montrer qu'il reste seul à bord et que le couple franco-allemand n'a pas à lui dicter sa conduite.

Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a convoqué en urgence ce lundi à 18h00 son gouvernement pour tenter de convaincre ses partenaires de coalition de soutenir une série de réformes économiques réclamées par l'Union européenne.

Sous la pression insistante exercée tout au long du week-end par Paris et Berlin, Berlusconi devrait proposer une réforme du système des retraites à laquelle s'oppose fermement son principal allié de la Ligue du Nord. Mais le Cavaliere a de l'orgueil. Et tient à montrer qu'il reste le patron et que le couple franco-allemand ne lui dicte pas sa conduite.

Il a ainsi assuré lundi que personne ne devait avoir "quoi que ce soit à craindre" de l'Italie dont la dette colossale inquiète les marchés, promettant de nouvelles mesures "de grande importance. Dans un communiqué, le Cavaliere a aussi estimé que "personne n'est en mesure de donner des leçons à ses partenaires", après avoir été sévèrement rappelé à l'ordre ce week-end à Bruxelles par le couple franco-allemand qui exige de lui des engagements fermes en matière de réformes et de réduction de la dette.

Réforme des retraites

"Je compte profiter de la situation pour voir si nous pouvons adopter des mesures auxquelles j'ai toujours songé mais que je n'ai pas pu mettre en oeuvre en raison de divergences au sein de la majorité, par exemple sur les retraites. Essentiellement sur les retraites", a déclaré "Il Cavaliere" dimanche.

La question d'une réforme des retraites est un point de friction avec la Ligue du Nord, alliée indispensable du Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi.

Le chef de file des députés de la formation autonomiste du nord de l'Italie, Marco Reguzzoni, a redit lundi son opposition à toute réforme des retraites, y compris au report de l'âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans comme le demande la banque centrale italienne.

"La Ligue a toujours été hostile à une réforme des retraites", a indiqué Reguzzoni à la télévision italienne. "Nous avons fait d'autres propositions que nous évoquerons lors de la réunion."

Le système actuel des retraites prévoit un départ à la retraite à l'âge de 65 ans pour les hommes et un passage progressif de 60 à 65 ans pour les femmes.

RÉFORMES

Réunis à Bruxelles pour un sommet consacré à la crise de la dette dans la zone euro, les dirigeants européens ont exhorté l'Italie à accélérer ses réformes économiques afin d'éviter de crouler sous le poids de sa dette, comme la Grèce.

Le gouvernement italien a notamment été prié de fournir un calendrier et des mesures concrètes pour une réforme du marché du travail et des privatisations.

Le sourire échangé entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel dimanche lors d'une conférence de presse alors qu'on les interrogeait sur les assurances apportées par Berlusconi sur les réformes a donné du grain à moudre à la presse italienne.

"Ce n'était pas une bonne chose pour un Italien d'être présent hier à la conférence de presse entre Merkel et Sarkozy à Bruxelles", note dans son éditorial le Corriere della Serra.

En raison de sa croissance anémique et de ses divisions politiques, l'Italie suscite la crainte des investisseurs quant à sa capacité à supporter le fardeau de sa dette publique qui s'élève à 1.800 milliards d'euros.

Depuis le mois d'août et le rachat par la Banque centrale européenne d'obligations italiennes pour tenter de rassurer les marchés, le gouvernement de centre droit a annoncé une série de réformes et de mesures d'austérité.

Mais l'engagement pris par Silvio Berlusconi de ramener le budget l'équilibre en 2013 n'a pas permis de rassurer les marchés sur la santé de la troisième économie de la zone euro.

Les obligations souveraines italiennes ont atteint vendredi leur plus haut niveau depuis août avant de redescendre lorsque des traders ont rapporté des achats de dette de la part de la BCE sur le marché secondaire.

"L'Italie peut avoir l'impression d'être une victime mais c'est la conséquence d'un gouvernement paralysé et d'une trop forte dette", souligne Nicholas Spiro, responsable du Spiro Sovereign Strategy de Londres.

Le président italien Giorgio Napolitano a exprimé la semaine dernière son "angoisse" face au manque d'efficacité du gouvernement de Berlusconi pour résoudre la crise de la dette.

Sa voix s'est ajoutée à de nombreux détracteurs du président du Conseil accusé de retarder sans cesse les mesures de relance de la croissance que réclament le patronat et la Banque centrale européenne.