En Algérie, la situation sociale s'aggrave

Par Ali Idir, à Alger  |   |  315  mots
Février 2011, la police disperse des manifestants à Alger - Copyright Reuters
Alger a dépensé des milliards de dollars pour calmer le front social. En vain : le climat continue de se dégrader.

Le front social continue de s'agiter en Algérie. Jeudi dernier, huit travailleurs d'une entreprise privée, Batimetal (construction métallique) ont été blessés lors d'affrontements avec les forces anti-émeutes lors d'une manifestation à Annaba à l'extrême est du pays. Les 600 travailleurs de cette ex-entreprise publique, en grève depuis le 19 octobre, revendiquent notamment des augmentations de salaires. La semaine passée a été également marquée par les grèves de trois jours des praticiens spécialistes de la santé publique et des avocats. Les premiers réclament des hausses de salaires et les seconds dénoncent un projet de loi sur l'exercice de leur profession.

Chaque dimanche, des habitants de villages coupent le principal axe routier reliant le port de Bejaïa à l'est du pays, bloquant le trafic de marchandises et empêchant des milliers de travailleurs de rejoindre leurs lieux de travail en ville. Les forces de sécurité ont reçu l'ordre de ne plus intervenir lors des manifestations organisées en Kabylie, une région complètement délaissée par l'État algérien. Depuis janvier 2011, le gouvernement a dépensé des milliards de dollars pour augmenter les salaires des fonctionnaires, subventionner les prix des produits de large consommation (céréales, lait, sucre, huile, légumes secs, etc.). Mais les Algériens continuent de sortir dans la rue pour revendiquer de meilleurs salaires et l'amélioration de leurs conditions de vie.

Les tensions sociales interviennent dans un contexte politique tendu marqué par le blocage du processus décisionnel au sommet de l'État, conséquence de la crise politique et sociale qui affecte depuis plusieurs mois l'Algérie. En dehors de la réalisation de la grande mosquée d'Alger pour 1 milliard d'euros, aucun grand contrat n'a été attribué en 2011 et aucune décision économique importante n'a été prise, excepté les mesures pour calmer le front social.