Les pays émergents à l'Europe : débrouillez vous tout seuls !

Par Frank Paul Weber  |   |  532  mots
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Le forum des vingt principales puissances économiques mondiales ne s'est pas engagé sur l'aide à apporter aux pays de la zone euro en difficulté.

«L'histoire s'écrit à Cannes », proclamaient partout dans la ville de grandes affiches à l'occasion du sommet du G20. À sa clôture, la présidence française de ce forum semble avoir péché par présomption. Certes, des avancées ont été actées dans plusieurs dossiers, d'un début de coordination des politiques macroéconomiques à la « reconnaissance » dans le communiqué final de l'initiative franco-allemande pour « une taxe sur les transactions financières » en passant par le renforcement du rôle du Conseil de stabilité financière (CSF) dans la surveillance du secteur financier. Mais les chefs d'État et de gouvernement du G20 ont quitté la Côte d'Azur en laissant dans le vague l'aide attendue à la zone euro, soit directement, soit via le Fonds monétaire international (FMI).

« Presque aucun pays n'a signalé vouloir participer au Fonds européen de stabilité financière (FESF) », a reconnu à Cannes la chancelière Angela Merkel. Les partenaires des pays européens se sont « tous très bien renseignés » sur le FESF mais déclinent l'offre d'y injecter des fonds. « La Chine a indiqué qu'elle pourrait contribuer via le FMI mais pas directement, cela vaut aussi pour nous », a déclaré la présidente brésilienne, Dilma Rousseff. « Je n'ai aucune intention de faire une contribution directe au FESF », a-t-elle ajouté, précisant ne pouvoir utiliser l'argent durement gagné par les Brésiliens de « façon irresponsable ».

Dès lors, « l'option » pour renforcer le FESF via le FMI consisterait, comme l'a expliqué la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, dans « la création d'un ?trust fund? sous l'ombrelle du FMI et auquel pourraient contribuer des pays prêteurs, notamment la Chine ». Sauf que le FESF en tant que tel ne peut bénéficier de ce coup de pouce du FMI. Il faudrait le faire au cas par cas, le FMI ne traitant et ne prêtant qu'à des États, pas à des entités comme le FESF.

Droits de tirage spéciaux

La solution à l'étude, préconisée par l'Elysée, serait de débloquer, via ce « trust fund », à des pays en difficulté une partie des droits de tirage spéciaux (DTS), c'est-à-dire l'actif de réserve international spécifique au FMI, détenus par ses pays membres. Un détenteur de DTS peut les échanger librement contre des devises. Mais même déjà pour les grands pays européens partenaires de Paris, cela ne va pas de soi.

Mis sous pression par son opposition, le Premier ministre britannique a dû répéter que la Grande-Bretagne n'entendait pas mettre un penny à la disposition du FESF ni surtout contribuer à une hausse des ressources du FMI qui pourraient être utilisées pour soutenir la zone euro ou un de ses membres.

Surtout, dès dimanche, l'idée que les États-membres de la zone euro mutualisent leurs réserves en DTS, de l'ordre « de 50 à 60 milliards d'euros », dans le « trust fund » du FMI pour soutenir le FESF a provoqué une levée de boucliers outre-Rhin. C'est la Bundesbank qui détient les 13,8 milliards de DTS allemands. Et elle ne semble pas disposée à les fournir pour renflouer les pays dispendieux...