Le Portugal sauvé par l'Angola, son ancienne colonie ?

Par Agathe Machecourt  |   |  412  mots
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Le Portugal, qui fait face à une cure d'austérité sans précédent, appelle l'Angola à l'aide. En sept ans, cette ancienne colonie au potentiel économique exceptionnel a déjà multiplié par soixante-dix ses investissements dans le pays.

L'économie angolaise se développe à grande vitesse. Moins de dix ans après la fin d'une guerre civile qui aura ravagé le pays pendant 27 ans, l'ancienne colonie portugaise en plein essor économique devrait atteindre 12% de croissance en 2012. Résultat, elle est désormais courtisée par Lisbonne, sous le coup d'un sévère plan d'austérité et en mal d'investissements directs étrangers (IDE). Le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, en visite à Luanda, a déclaré jeudi au sortir d'un entretien avec le président angolais Jose Eduardo Dos Santos, que le "capital angolais [était] le bienvenu". "L'Angola a déjà investi de manière importante au Portugal, du secteur financier au secteur industriel", a-t-il rappelé. La banque angolaise BIC a ainsi offert d'acheter la Banco portugues de negocios pour 40 millions d'euros. En septembre, une compagnie angolaise avait déjà acheté le plus gros fabricant de meubles portugais. Des échanges qui s'expliquent par des liens historiques étroits entre les deux pays : l'Angola n'a obtenu son indépendance qu'en 1975 après des siècles de colonisation.

Premier secteur visé : l'immobilier

Le Portugal a longtemps fait parti du trio de tête des investisseurs étrangers en Angola. En plein marasme économique, le pays  a vu ses IDE bruts en Angola divisés par trois entre 2009 et 2010 à 226 millions d'euros, selon la Banque du Portugal.  En ce qui concerne les IDE angolais au Portugal, la tendance est inverse. Leur croissance est exponentielle : de 1,6 million d'euros en 2002, ils sont passés à 116 millions en 2009, année record. Entre janvier et juin 2011, 46 millions d'euros ont été investis par les angolais au Portugal. Premier secteur visé par ces investissements africains : l'immobilier. Le commerce de gros et de détail prend la deuxième place, et les activités financières sont le troisième secteur dans lequel les angolais investissent. Les IDE portugais en Angola concernent, eux, principalement les secteurs de la construction et du commerce.

Une espérance de vie de seulement 48 ans

Pétrole, gaz ou encore diamants assurent à l'Angola un potentiel économique considérable, surtout depuis  son entrée dans l'OPEP (Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole) en 2007  Grand comme deux fois la France, le pays ne compte que quelque 20 millions d'habitants dont un tiers résident dans la capitale, Luanda.  Les disparités y demeurent énormes puisqu'avec une espérance de vie de 48 ans, l'Angola ne se place qu'à la 146ème place sur 169 au classement du développement humain des pays.