Le vautour russe vole au secours de la Biélorussie

Par Stanislas Jourdan, avec agences  |   |  391  mots
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Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a dévoilé vendredi une série d'accords économiques destinés à aider le Bélarus, une ex-république soviétique confrontée à une grave crise et sous le coup de sanctions occidentales en raison de la répression des opposants au régime. Mais cette aide n'est pas désintéressée.

Moscou va accorder une énorme ristourne sur son approvisionnement gazier à Minsk à partir de 2012, et un crédit de 10 milliards de dollars pour la construction de la première centrale nucléaire biélorusse, a indiqué Vladimir Poutine, avant une rencontre près de la capitale russe avec le président bélarusse Alexandre Loukachenko.

Gazprom prend le contrôle des gazoducs bélarusses

En échange, le géant russe Gazprom obtiendra la totalité du capital de la société Beltransgaz, dont il détient déjà 50% et qui assure une partie du transport de gaz vers l'Europe. Ceci pour une bouchée de pain : 2,5 milliards de dollars. Gazprom avait acquis en mai 2007 la moitié du capital de Beltransgaz, l'acquisition des 50% restants était en négociations depuis plusieurs mois entre Moscou et Minsk, mais butait sur la question du prix du gaz.

Une question désormais réglée, avec une réduction de 40% accordée par Moscou. "Alors que le prix moyen (du gaz, ndlr) pour l'Europe est de 400 dollars, le Bélarus paiera au premier trimestre (2012) 164 dollars pour 1.000 mètres cubes", a indiqué M. Poutine, cité par la télévision et les agences russes, précisant que Minsk payait jusqu'alors 244 dollars les 1.000m3. "C'est une réduction importante, qui libèrera dans l'économie bélarusse pas moins de deux milliards de dollars", a souligné le premier ministre russe.

Il faut avoir que l'approvisionnement de gaz est un sujet de tension entre Moscou, la Biélorussie, ainsi que, par ricochet, certains pays de l'Union Européenne comme la Lituanie, fortement dépendante du gaz russe. En 2010, Moscou avait décidé de couper les approvisionnements de gaz au Bélarus, exigeant le paiement de la dette de la "Russie blanche" envers son champion national, Gazprom.

En outre, Poutine a annoncé la signature imminente d'un prêt bilatéral de 10 milliards de dollars au Bélarus avec une échéance de 15 ans.

Le Bélarus, un pays de dix millions d'habitants à l'économie dirigiste, est confronté à sa plus grave crise financière depuis l'arrivée au pouvoir d'Alexandre Loukachenko il y a près de 17 ans et est confronté à un déficit commercial abyssal et une inflation galopante. Il est par ailleurs la cible de sanctions occidentales alors qu'il multiplie les arrestations d'opposants depuis l'élection présidentielle controversée de 2010.