La BCE, inquiète pour la croissance, renoue avec un taux directeur à 1%

Par latribune.fr  |   |  792  mots
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La banque centrale européenne a abaissé d'un quart de point son principal taux directeur, le taux de refinancement, pour le porter à 1%. Son président Mario Draghi a de nouveau appelé les Etats à rétablir la confiance avec les marchés. La BCE va lancer deux opérations de prêt sur 36 mois en faveur des banques, à taux fixe et montant illimité, pour améliorer leur accès aux liquidités.

La zone euro renoue avec son taux directeur le plus faible : 1%. A quelques heures du coup d'envoi d'un nouveau sommet européen pour tenter de mettre un terme à la crise de la dette en zone euro qui sévit depuis de longs mois maintenant et s'est étendue à certains pays coeur, les sages de la banque centrale européenne (BCE) ont en effet décidé d'un nouveau coup de pouce à l'économie, via un nouvel assoupliment de leur politique monétaire.

La BCE a en effet annoncé la baisse d'un quart de point de son principal taux directeur, le taux de refinancement. Celui-ci retrouve donc son plus faible niveau historique, le seuil de 1%. En vigueur pour la première fois à compter du mois de mai 2009, celui-ci avait été abandonné en avril cette année dans l'espoir d'une amélioration de la situation. La BCE avait une première fois remonté ses taux le 7 avril, puis le 7 juillet, ramenant ainsi le taux de refi à 1,5%. En seulement un mois à la tête de la BCE, Mario Draghi aura donc réduit à néant les deux hausses décidées sous la présidence de Jean-Claude Trichet.

Dans le même temps, le taux des dépôts au jour le jour, celui auquel les banques peuvent placer de l'argent pour 24 heures auprès de la banque centrale, et le taux de prêt marginal au jour le jour ont également été abaissés d'un quart de point, pour revenir respectivement à 0,25 % et  1,75%.

Prévisions de croissance en baisse

Selon les nouvelles projections des équipes de la banque, l'activité économique au sein de la zone euro pourrait se contracter en 2012. L'activité au sein de la zone euro pourrait au pire se contracter de 0,4% et au mieux progressser de 1% l'année prochaine, contre une fourchette de prévisions de 0,4% à 2,2% il y a trois mois. Draghi avait prévenu le mois dernier que la zone euro pourrait connaître une récession "modérée" à la fin de cette année.

Les prévisions de croissance pour 2011 ont aussi été revues en baisse, dans une fourchette de 1,5% à 1,7% contre 1,4% à 1,8% précédemment.

Appel aux dirigeants européens : "faites votre maximum"

La BCE va lancer deux opérations de prêt sur 36 mois en faveur des banques, à taux fixe et montant illimité, pour améliorer leur accès aux liquidités et donc assurer le bon fonctionnement de l'économie en zone euro. L'institution monétaire de Francfort va en outre élargir le spectre des garanties exigées en échange de ses prêts, afin de permettre aux banques les plus en difficulté d'accéder à ses financements, a annoncé Mario Draghi.

Mario Draghi a en outre appelé les dirigeants de l'Union européenne, réunis à partir de la soirée à Bruxelles, à "faire leur maximum" en terme de réformes pour ramener la confiance envers la zone euro.

Il a également réclamé que le fonds de secours (FESF) soit opérationnel le plus vite possible, et a exclu la possibilité d'intervenir davantage sur le marché de la dette publique comme le réclament certains Etats, notamment la France, soulignant une nouvelle fois que les achats qu'effectue déjà la BCE sont "limités" et "temporaires".

En clair, Mario Draghi a douché les espoirs d'une intervention massive de son institution face à la crise, répétant à plusieurs reprises que la BCE agirait dans le cadre des traités européens, et donc de la mission qui lui incombe. Mario Draghi s'ailleurs dit "surpris de l'interprétation de (ses) propos" après un discours devant le parlement européen la semaine dernière. Certains médias et économistes avaient alors affirmé que Mario Draghi serait disposé à intervenir massivement en soutien des Etats, une fois mises en place les réformes institutionnelles.

Loin de nourrir ces espoirs, le président de la BCE a dit qu'en matière de soutien aux pays en détresse, sa "préférence allait au FESF et au MES", soit au mécanisme déjà mis en place et à celui qui doit le relayer. Mario Draghi les a jugés "parfaitement équipés" pour faire face à la crise de la dette.

Participation financière au FMI : "légalement très compliquée"

Quant à un concours financier de la BCE au FMI pour aider les pays en difficulté de la zone euro, tel qu'évoqué depuis quelques semaines, le président de la banque centrale a estimé qu'il serait "légalement très compliqué" puisque la BCE n'est pas membre du Fonds. "Il faut garder à l'esprit le respect de l'esprit des traités" européens, qui interdisent tout financement des Etats par la BCE , a-t-il ajouté. 

De son côté, la Banque d'Angleterre a maintenu inchangé son taux directeur, à 0,5%.