L'avocat-blogueur Navalni ne donne pas plus de deux ans au régime Poutine

Par latribune.fr avec par Maria Tsvetkova (Reuters)  |   |  578  mots
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Pour l'avocat et blogueur russe Alexeï Navalni, une des figures de la contestation en Russie, le "régime corrompu" de Vladimir Poutine ne devrait pas se maintenir plus de deux ans encore au pouvoir.

Dans une interview accordée vendredi à Reuters, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation de l'opposition contre les résultats des élections législatives du 4 décembre dernier, il estime que l'opinion publique s'est retournée contre l'actuel Premier ministre, au pouvoir depuis 1999.

"Je suis absolument certain que près d'un million de personnes sont prêtes à participer à de telles manifestations", affirme-t-il.

Les résultats officiels des législatives du 4 décembre sont rejetés par l'opposition, qui dénonce des fraudes massives.

Malgré un net recul par rapport aux précédentes élections, en 2007, Russie unie, le parti de Vladimir Poutine et de l'actuel président, Dmitri Medvedev, a conservé sa majorité absolue à la Douma d'Etat. En quatre ans, le parti est passé de 64% des voix à un peu moins de 50%.

"Ils ont volé près d'un million de voix rien qu'à Moscou. Et je pense que les gens sont mécontents de ce qu'il se passe et sont prêts à défendre leurs droits, y compris en descendant dans la rue", poursuit Navalni, joint par téléphone.

A 35 ans, l'avocat blogueur a purgé une peine de 15 jours de prison après avoir été arrêté lors de la première manifestation qui a suivi les élections, le 5 décembre.

Ce samedi, il doit prendre la parole devant les manifestants appelés à se rassembler sur l'avenue Sakharov, à Moscou.

"Je ne pense pas que le régime de pouvoir absolu de Poutine qui prévaut dans ce pays durera encore plus de deux ans, c'est le maximum", poursuit-il.

"NOTRE PAYS A BESOIN D'UN PRÉSIDENT LÉGITIME"

En quelques jours, Navalni, qui a désigné le premier Russie unie comme étant "le parti des escrocs et des voyous", est devenu une des figures de proue de la contestation, très suivi sur internet.

Dans un pays de plus de 140 millions d'habitants dont la télévision publique est sous le contrôle du pouvoir politique, internet est un instrument crucial de la mobilisation sans précédent dans les douze années qui se sont écoulées depuis que Poutine a accédé aux plus hautes fonctions.

Les organisateurs espèrent que 50.000 personnes au moins descendront ce samedi dans les rues de Moscou.

Plus de 44.000 personnes ont l'intention de descendre dans la rue et 9.468 autres pourraient les rejoindre, selon la page Facebook consacrée à la manifestation.

"Un rassemblement, puis un autre. Un jour, le peuple descendra dans la rue, et n'en partira pas. C'est le seul scénario. Nous devons continuer jusqu'à ce qu'ils acceptent nos revendications", continue Navalni.

Les manifestants réclament notamment l'annulation du scrutin et la tenue de nouvelles élections, l'enregistrement de partis d'opposition, l'éviction du président de la commission électorale et la libération de détenus considérés comme des prisonniers politiques.

Une partie des organisateurs résiste pour l'instant à l'ajout d'une dernière exigence défendue par nombre de manifestants: le départ de Poutine.

Dès sa sortie de prison, mercredi, Navalni a appelé les Russes à s'unir contre celui qui briguera en mars un nouveau mandat présidentiel après quatre années passées à la tête du gouvernement - la constitution l'empêchait de se présenter à la présidentielle de 2008.

"Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'exiger la démission de Poutine. Il nous suffit d'exiger des élections libres", dit-il. "Notre pays a besoin d'un président décent et légitime."