Déficit : Madrid cherche de l'argent tous azimuts

Par Gaëlle Lucas, à Madrid  |   |  449  mots
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Le gouvernement Rajoy compte réduire la fraude fiscale et éliminer des entreprises publiques pour faire des économies.

Le gouvernement de Mariano Rajoy poursuit son chemin vers le retour à l?équilibre des comptes. Moins dramatique que le précédent, au cours duquel l?exécutif de droite avait adopté des hausses d?impôts pour 6,3 milliards d?euros et des coupes dans les dépenses à hauteur de 8,9 milliards, le troisième conseil des ministres va dans la même direction.

En effet, toutes spectaculaires soient-elles, ces montant ne sont pas suffisants pour retrouver un déficit de 4,4% en 2012, comme promis à l?Union européenne (UE), alors que celui de 2011 devrait atteindre 8% du PIB. En attendant de présenter un budget plus rigoureux en mars, le gouvernement a donc annoncé jeudi l?étude d?un plan de lutte contre la fraude fiscale destiné à collecter 8,2 milliards d?euros supplémentaires.

Autre mesure à l?étude : la "rationalisation" du secteur public, via la suppression d?entreprises publiques, comme promis par le candidat Rajoy. L'équipe au pouvoir révisera à cet effet en janvier un accord passé en 2010 entre le précédent gouvernement socialiste et les régions stipulant la suppression de 514 organismes. Malgré le compromis, "on n?a pas éliminé 70 entités de ce type", a déploré la vice-présidente du gouvernement, la toute puissante Soraya Saenz de Santamaría, qui compte actualiser l?accord "selon les nécessités de réduction du déficit public actuel". 

Précisément, la région de Valence a confirmé jeudi la suppression d?entreprises publiques pour économiser 120 millions d?euros. La mesure figure au sein d?un plan d?austérité de plus d?un milliard d?euros de la région la plus endettée d?Espagne.

De fait, le gouvernement devra compter sur les efforts des régions s?il veut atteindre ses objectifs de déficit, ces dernières étant les principales coupables du déséquilibre des comptes espagnols. Luis de Guindos, ministre de l?Economie et de la Compétitivité, a d?ailleurs annoncé mercredi dans une interview au Financial Times la création en mars de "stricts instruments de contrôle des budgets des autonomies". "Avant d?approuver les budgets, les ministres devront obtenir l?aval du gouvernement central", a-t-il ajouté. Bien que la majorité des régions soient contrôlées par son camp, le gouvernement du Partido Popular (PP) s?expose au mécontentement des communautés autonomes, qui veillent jalousement sur leurs compétences. De fait, l?idée a provoqué une levée de boucliers des régionalistes au pouvoir en Catalogne, ainsi que des gouvernements d?autres régions, comme le Pays Basque, qui dénoncent le non respect du principe d?autonomie financière des régions.