Espagne : record historique du chômage qui franchit la barre des 5 millions de sans-emploi

Par latribune.fr avec AFP  |   |  565  mots
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Le taux de chômage est monté à 22,85% en Espagne au quatrième trimestre, selon des données publiées ce vendredi par l'Institut national des statistiques. L'Espagne connaît le chômage le plus élevé de l'Union européenne.

Le nombre de chômeurs a franchi la barre des 5 millions, soit un taux de 22,85%. Il s'agit là d'un record en près de dix-sept ans, alors que le pays, au bord de la récession, prend des mesures de rigueur en vue d'assainir ses comptes.

Plus d'un jeune de moins de 25 ans sur deux est touché (51,4%) et 1,575 million de foyers comptent tous leurs membres au chômage. Sur le dernier trimestre 2011, près de 300.000 personnes se sont retrouvées sans travail, portant le nombre total de chômeurs à 5,273 millions.

L'Espagne enregistre le taux de chômage le plus élevé depuis le premier trimestre 1995. Après avoir connu un miracle économique, grâce au boom de l'immobilier, le pays a dû affronter une forte chute due à l'éclatement de la bulle en 2008, alors que la crise mondiale explosait.

Le taux de chômage a été multiplié par trois en seulement quatre ans. Il était de 7,95% en 2007. Pour Javier Velazquez, professeur à l'université Complutense de Madrid, "cela est lié à la contraction de l'économie qui est de train de se produire". C'est aussi "la conséquence de toutes les mesures de rééquilibrage budgétaire (appliquées) de manière aussi rapide : évidemment cela génère une contraction de la demande et au final une hausse du chômage", remarque-t-il.

Depuis l'éclatement de la bulle immobilière, la plupart des dix-sept régions se sont retrouvées fortement endettées et, pour assainir leurs finances, elles ont lancé de vastes plans de rigueur. 

Pour sa part, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a également mis le cap sur l'austérité. Il a annoncé des coupes budgétaires de 8,9 milliards d'euros et des hausses d'impôts de 6,3 milliards. Par exemple, seul un fonctionnaire sur dix sera remplacé dans la santé et l'éducation.

Le déficit public représentait quelque 8% du PIB en 2011. Mariano Rajoy a promis de le ramener à 4,4% en 2012. Pour ce faire, il lui faudra économiser plus de 40 milliards d'euros. De son côté, la Banque d'Espagne prévoit une chute de 1,5% du PIB cette année.

Ce vendredi, le Conseil des ministres a approuvé le projet de loi de stabilité budgétaire qui vise à limiter le déficit et l'endettement des administrations du pays. Il est interdit aux dix-sept régions d'être en déficit à partir de 2020.

L'Union européenne et le Fonds monétaire international ont manifesté des inquiétudes quant au chômage qui sévit et ont demandé instamment à l'Espagne de réformer son marché du travail, trop rigide à leurs yeux. Une loi devrait être adoptée prochainement. 

Selon Javier Diaz Gimenez, économiste à l'IESE Business School de Madrid,  "la  première mesure à prendre est de réduire les coûts du travail, qui sont excessifs, en limitant les indemnités de licenciement, et la deuxième est de se débarrasser des contrats temporaires pour établir un seul contrat à durée indéterminée". Quant à Javier Velazquez, il juge la situation "presque insoutenable", précisant que le pays "dépense actuellement entre 3% et 4% de son PIB" pour indemniser et encadrer ses chômeurs et qu'il serait erroné de tenter de répéter le miracle économique des années 1990 en diminuant uniquement les coûts salariaux. Pour lui, "la croissancen ne doit pas seulement se fonder sur la hausse de l'emploi, mais doit s'accompagner aussi de plus de productivité".