Christine Lagarde optimiste sur la croissance américaine et la zone euro

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  635  mots
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La directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, envoie des signaux positifs. La Française a laissé entendre que le FMI allait relever sa prévision de croissance pour les Etats-Unis, et s'est montrée rassurée sur l'opération d'effacement d'une partie de la dette grecque, estimant que le risque de crise grave en zone euro est « pour le moment écarté ».

Quand le FMI parle, les marchés financiers sont à l'écoute. Alors quand sa directrice, la Française Christine Lagarde, se permet un peu d'optimisme, la nouvelle est d'importance. La directrice du FMI a ainsi laissé entendre jeudi que son institution allait relever sa prévision de croissance pour les Etats-Unis en 2012, actuellement de 1,8%.  

"Nous publierons de nouvelles prévisions dans environ un mois. Mais je ne serais pas surprise si elles étaient en hausse par rapport à notre prévision précédente", a affirmé Mme Lagarde, interrogée sur la conjoncture américaine lors de l'émission "Charlie Rose" sur la chaîne PBS. "La reprise est en train de se ressaisir", a-t-elle estimé.

Rassurée sur l'opération grecque

Le risque de crise grave en zone euro "est pour le moment écarté", a-t-elle également déclaré, alors que l'opération d'effacement d'une partie de la dette grecque s'acheminait vers un succès.  "Au moment où nous parlons, il semble que c'est en bonne voie. Et il semble que les chiffres sont prometteurs", a déclaré Mme Lagarde à propos de cette opération de restructuration de la dette grecque, lors de l'émission de la télévision publique "Charlie Rose". C'était avant que le chiffre de 83,5% de participation des créanciers privés ne soit connu, et confirme le succès de l'opération d'effacement partiel de la dette. 

"Je pense que le risque réel de crise, de crise grave, est pour le moment écarté", a-t-elle ajouté. "Je dis pour le moment parce que les Européens ont encore plusieurs choses à faire. Ils n'ont toujours pas érigé ce pare-feu que beaucoup leur demandent". Christine Lagarde s'est cependant déclarée confiante quant aux chances de voir l'Europe s'accorder sur la dimension de son bouclier contre la crise de la dette, condition préalable pour que le reste du monde renforce les ressources du FMI. "Je ne suis pas pessimiste", a-t-elle dit. "Le printemps est dans l'air".

Le MES indispensable

Elle a une fois encore appelé les Européens à donner une taille importante à ce "pare-feu" appelé Mécanisme européen de stabilité (MES), une structure commune permanente destinée à financer les Etats incapables de le faire sur les marchés de la dette. "Il leur faut de gros volumes. Le plus gros sera le mieux, parce qu'il ne sera jamais utilisé", a-t-elle noté.

"Mais la croissance est faible. La dette est encore très élevée. Je pense qu'il est donc dans l'intérêt des Européens qu'ils aient ce pare-feu pour arrêter la contagion et pouvoir mettre beaucoup d'argent sur les marchés si les marchés et les investisseurs décidaient tout d'un coup de ne plus s'intéresser à la dette italienne, par exemple", a rappelé la directrice du FMI.

Mise en garde contre le déficit budgétaire

La directrice du FMI a reconnu que Washington avait un problème de déficit budgétaire. "Le pays, je pense, doit traiter beaucoup de problèmes différents. Il y a les questions à long terme du déficit et de la dette", a-t-elle dit à la télévision.

Mais plus tard dans la soirée, lors d'une conférence sur la place des femmes à New York retransmise sur internet, elle a précisé qu'elle ne prévoyait pas de grave crise de la dette publique pour les Etats-Unis. "Les Etats-Unis pour le moment ont ce que (l'ancien président français Valéry) Giscard d'Estaing appelait l'exorbitant privilège du dollar, donc cela donne aux Etats-Unis d'Amérique un avantage énorme. Je doute d'avoir à mettre en place un plan de sauvetage pour les Etats-Unis", a-t-elle déclaré, interrogée sur cette éventualité. Et de toutes façons, "je n'aurai jamais assez d'argent pour le faire", a-t-elle concédé.